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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Par Hubert ZAKINE

"Ce matin y fait un p'tit chouïa frisquet. Avec Serge mon cousin de la cuisse droite, on est morts de faim. Comme tous les jours, zbarlala on se lève les premiers. Purée de tranquillité, j'vous dis pas ! On n'entend rien d'autre que le bruit de la mer, en bas les escaliers. Un vrai régal !"

L'ouvrage "HORIZONS BLEUS LE CABANON DES GENS HEUREUX - ALGER ETE 1957" est paru le 28 mai 2008 chez Presses du Midi.

Extrait du livre, avec l'autorisation de l'auteur
"Le dernier dans l'eau c'est une tapette !" y lance à la ronde Jeannot avant de se ruer dans les escaliers comme s'il devait prendre l'avion.

 Une demi-seconde après j'avais enfilé mon maillot et en avant nous autres, je prenais l'avion moi aussi.

 Et c'est là que je deviens zombi. Parce que c'est à ce moment là que je la vois.

--" Norbert, je te présente ma cousine Colette !"

--"Bonjour !" elle me lance en m'adressant un sourire à faire pâlir le p'tit négro d'Afric-Film, (13 rue Auber, ALGER. 628-28/ 628-29.)

Elle est assise sur le sable. Alors comme un r'mar, je me laisse tomber à genoux et sans dire un mot, rien que je la regarde. Je la visite comme si elle était un musée. C'est ma mère qu'elle va être contente. Elle qui me reproche toujours d'aimer le football et de cracher sur tout le reste. Purée, dé! Mes yeux y z'en croient pas leurs yeux. La bombe d'Hiroshima elle pourrait tomber aux Horizons Bleus, même pas je l'entendrais. Subjugué je suis, subjugué je reste! Avant aujourd'hui, même pas je connaissais ce mot. Hé c'est normal, qui c'est qui peut être subjugué à quinze ans moins cinq ?

Déjà, toute la bande, elle nage dans la Méditerranée. Moi, je me contente de nager dans le bonheur. J'aurais dû prendre ma bouée des fois que je me noie dans ses yeux! J'évolue de l'intérieur parce qu'à l'extérieur, y'a rien qui bouge. Je suis toujours à genoux devant elle. On dirait que le Bon Dieu il a mis de la sécotine sur le sable. Elle doit vraiment me prendre pour un bourricot de la montagne, hein! Y faut dire qu'elle est belle comme une poupée asiatique avec ses yeux en amande, son teint mat et ses cheveux noirs légèrement bouclés que le vent mesquinette y promène sur son visage.

Elle aussi, elle doit aimer la sécotine parce qu'elle a pas bougé de sa place. On dirait qu'elle attend l'autobus! Elle me mange des yeux. Si j'étais plus grand, j’me jette sur elle et je l’embrasse jusqu’à demain matin.

--" Oh! Vous tapez pas le bain?" y nous lance un badjej qu'il a pas compris que la suite de "Autant en emporte le vent" elle se déroule sous ses yeux. Sans quitter le noir regard de ma petite chinoise, je lui prends la main et la décolle du sable. Pour la première fois de ma vie, même pas j'ai envie de "taper la pancha". Au contraire, je m'enfonce dans l'eau comme un aveugle qui veut se suicider par noyade progressive. Même pas je sens la température de l'eau. Reusement qu'elle avoisine les vingt huit degrés parce que si elle avait pris la fantaisie de descendre sous les dix degrés, même pas je m'en serais aperçu. Mais j'aurais quand même attrapé une bonne congestion, va!

--" Tu sais nager?"

Regardes moi là! Pour qui elle me prend? Une autre, j'lui aurais mis deux calbotes.

--" Bien sur!" je réponds, vexé comme Sal MINEO dans "La fureur de vivre" quand James DEAN  y le met au défi de je me rappelle même plus quoi.

--" On va jusqu'au rocher plat?"

C'est là que je joue les protecteurs.

--"  C'est pas un peu loin pour toi? "

Luc, son cousin, y me répond à sa place comme s'il était son père.

--" Trop loin! Tu seras pas partie, qu'elle sera arrivée!"

Colette, elle se contente pas d'être belle, jolie, et tous les synonymes que j'ai la flemme de puiser à la source de tous les dictionnaires de la terre. Elle est aussi intelligente, je dirais même futée parce qu'elle comprend que l'envie de mettre une botcha à son cousin elle me monte au nez comme la moutarde que toujours ma mère, elle me reproche d'en mettre trop dans mon assiette, alors elle rectifie :

--" On y va en promenade, pas pour battre le record du monde!"

Et tout en parlant, elle allonge le bras et je la vois se transformer en sirène du Mississippi. Purée, elle nage comme elle respire. Ma parole d'honneur, comme si la Méditerranée c'était sa mère. Que l'élément liquide c'était sa maison, son pays et sa patrie. Elle est née femme-poisson comme d'autres naissent footballeurs, virtuoses ou cataplasmes ambulants. Amman,elle glisse sur l'eau sans provoquer la moindre écume. Elle nage sans déranger la mer. Sans réveiller les poissons. D'un style coulé qui tranche singulièrement avec mon rythme heurté.

Derrière nous, la bande de babaos, elle suit tant bien que mal en ahanant à qui mieux-mieux sauf Bernard qui personnalise à lui tout seul l'endurance physique.  En gymnastique à l'école, on  le voit que de dos. C'est notre Mimoun à nous autres.

Ma petite sirène, déjà elle repose sur le rocher plat et nous autres, on se débat avec les quarantièmes rugissants. A bout de souffle, j'atteins la terre promise où m'accueille, suprême récompense, le sourire de Colette. Dans un dernier effort, je me hisse sur le rocher. Zarmah! Je fais celui qui est pas fatigué! Tellement je suis bon comédien, j'me croirais presque si j’avais pas si mal aux jambes! 

Pour en savoir plus
La côte algéroise de Saint-Eugène à Guyotville par Hubert Zakine

http://hubertzakine.blogspot.com/2010/07/la-cote-algerose-de-saint-eugene.html
http://hubertzakine.blogspot.com/2013/01/horizons-bleus-de-hubert-zakine_16.html

Sources de l'information
http://hubertzakine.blogspot.com/2015/05/souvenirs-souvenirs.html

 
 
 

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