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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Souvenons-nous :  6/12/1835... 6/12/2022

Mascara, ville située à environ 80 kms d’Oran, était un site stratégique et  constituait aussi un enjeu économique.

La bataille de Mascara est un épisode de la conquête de l’Algérie. Il est important par le fait qu'il concerne le conflit entre la France et Abd el-Kader, en opposant en novembre et décembre 1835 les troupes du général français Clauzel et les combattants de l'émir.                

Chronologie des événements

 -  26 juin 1835, la France subit une lourde défaite à la Macta.

-  21 novembre 1835, pour se venger de cette humiliation, le maréchal Clauzel accompagné du Duc d’Orléans se met en route vers Mascara, la capitale d’Abdelkader, avec une troupe de 13000 hommes.

-   Apprenant cela, l’Emir Abdelkader fortifie la ville et avec son armée se poste en embuscade au niveau des marabouts de Sidi Embarek pour attendre les français.

-   Après plusieurs jours de combat les arabes sont battus.

-  Le 6 décembre 1835 Clauzel entre dans Mascara pour y trouver une communauté juive aux abois.

                        

 

Extrait du livre "Mémoire d’un dhimmi - Cinq siècles d'histoire juive en Algérie" de Didier Nebot ( page 183)

La ville de Mascara était devenue la capitale d’Abdelkader.Il avait négocié en février 1834 un traité de paix avec la France qui le reconnaissait comme « commandeur des croyants. » 

Les juifs de la région, de façon spontanée ou forcée, assuraient le bon fonctionnement de l’économie, ils étaient le rouage essentiel dont Abdelkader ne pouvait se passer. Il les utilisait pour asseoir son autorité dans tout ce qui avait trait àla finance, le commerce, le ravitaillement en armes, la confection des tentes pour ses soldats, le transport des marchandises et battre la monnaie.

Mais, après un retentissant échec à la Macta, la France, avec le maréchal Clauzel à sa tête, avait décidé de se venger et d’attaquer Mascara.

A cette nouvelle des milliers d’arabes accoururent prêts à en découdre avec les infidèles. L’heure de la guerre sainte avait sonné.

Pour la communauté juive il s’agissait d’un véritable dilemme, d’un côté c’était la satisfaction de voir la France arriver à Mascara, d’un autre la peur de tout perdre et d’être pris en otage par Abdelkader.

Fin novembre le maréchal Clauzel se mit en marche. Lorsqu’il apprit cette nouvelle,l’Emir fit fermer les brèches de la ville et plaça des hommes avec des pièces de canon sur des monticules de terre construits à la hâte.Puis il quitta Mascara avec ses troupes et attendit les français en embuscade sur un mamelon attenant aux montagnes environnantes.

Le 1er décembre la bataille s’engagea au pied du djebel Stamboul, dans l’Atlas. La lutte faisait rage, sanglante, au corps à corps jusqu’au moment où, à la hauteur des quatre marabouts de Sidi Embarak, les français prirent l’avantage. Vaincu, Abdelkader fut obligé de se replier vers le Sud. Mascara devenait ville ouverte.

Comprenant que leur capitale était sur le point de tomber aux mains des français, les tribus des environs qui n’avaient pas suivi l’émir se jetèrent sur la ville, comme des vautours. Ils pillèrent, volèrent, violèrent, détruisant tout ce qu’ils trouvaient pour ne rien laisser aux roumis. A cette nouvelle les troupes d’Abdelkader abandonnèrent leur chef et se ruèrent sur Mascara pour participer à l’hallali.

Furieux, l’Emir, avec ce qui lui restait de son armée, fonça sur la ville pour rappeler ses hommes à leur devoir. Mais il ne put rien faire, assistant impuissant aux destructions.

On entendait les cris épouvantables des juifs qu’on égorgeait. Bouc émissaire de toujours, suspectés de sympathie pour les français, ils furent massacrés en grand nombre. Leurs cadavres jonchaient les sols des maisons ou des rues. Les arabes avaient tué aussi bien les femmes que les enfants ou les vieillards. Une fois leur travail terminé, ils quittèrent la ville en se repliant, non loin de là, près de Cacherou.

Quelques heures plus tard, le 6 décembre 1835, alors que la nuit tombait, sous une pluie battante,  Clauzel pénétrait dans la cité maudite. Tout n’était que désolation, tourmente, épouvante.

Les combattants de l’Emir avaient pillé tout ce qui avait pu tomber entre leurs mains. Aucune âme vaillante n’osait bouger. Les soldats français avançaient tétanisés, ils entendaient les cris de détresse et de souffrance des blessés. Des maisons éventrées sortirent des survivants hébétés, un millier de juifs, qui avaient échappé au massacre et qui accueillirent les français comme des libérateurs.

Mais Clauzel n’avait que faire de cette victoire, cette ville ne lui servait à rien. Ses troupes n’étaient pas assez nombreuses pour l’occuper, il était venu pour donner une leçon à Abdelkader et son objectif avait été atteint. Il décida donc de détruire les édifices publics et les bâtiments qui appartenaient aux troupes d’Abdelkader et qui restait encore debout. Il laissa ensuite son armée se reposer trois jours avant de repartir. Les juifs, apeurés, craignant pour leur sécurité, lui demandèrent protection. Par pitié, il accepta de les emmener avec lui.

Les conditions climatiques étaient épouvantables. Ils avaient 80 kilomètres à faire pour rejoindre Oran dans le froid et sous la pluie. Le terrain lourd, détrempé, en pleine montagne ne laissa aucune chance aux malheureux proscrits. Chaque pas était une aventure pouvant aboutir à la mort. Ils s’engagèrent sur le flanc d’un précipice. Rocaille, terrasses, broussailles, la nature se faisait sauvage, lugubre et la peur au ventre ne rendait pas la marche facile.

Cela dura une éternité, le sommet fut atteint dans un silence terrifiant. Ils étaient épuisés. C’est en abordant la descente pierreuse et boisée qu’ils commencèrent à souffler. Plein de compassion, les cavaliers français mettaient les femmes et les enfants sur leurs chevaux, les fantassins portaient les enfants sur leurs épaules. La colonne de réfugiés retarda la marche de Clauzel. Beaucoup périrent sur ce chemin diabolique. Peu nombreux furent ceux qui le 11 Décembre se retrouvèrent dans la plaine avec l’armée française.  

Le lendemain les soldats et les quelques rares survivants juifs arrivaient à Mostaganem où le duc d’Orléans blessé s’embarqua pour Paris.

Lien du livre : https://www.erickbonnier-editions.com/romans/10-commandements/ 

Précisions communiquées par Paul Fenton

Traduction d'une lettre en allemand (24 avril, 1842) d'A. Simon, Secrétaire de la Direction de l'Intérieur, Oran, au Consistoire Israélite de Strasoburg, parue dans: Allgemeine Zeitung des Judenthums n. 26 (25 juin, 1842), p. 374, reprise par P. Fenton, Exile in the Maghreb, Teaneck, 2016, p. 131-132.

"Demande d'assistance provenant des Juifs d'Oran (1842) : un immense et terrible malheur s'est abattu sur nos coreligionnaires infortunés de Tlemcen et de Mascara.

Depuis la capture de ces villes par les Français, ‘Abd al-Qâdir, le dirigeant des Arabes hostiles, a forcé nos frères malheureux de le suivre vers l'intérieur du pays. Il les a traînés avec lui depuis maintenant une année entière et leur a extorqué leurs possessions précieuses. Dieu seul sait combien de victimes ont succombé au fanatisme et à la barbarie de ces Arabes.

Il y a à peu près deux semaines arrivèrent dans notre ville environ 4000 de ces hommes, femmes et enfants malheureux dans un état d'extrême dénuement.

Devant leurs yeux ces hordes barbares ont étranglé leurs pères, leurs épouses et leurs parents et tous ceux sur lesquels ils ont pu mettre la main. De plus, ils ont eu à souffrir du vol de leurs biens et leurs possessions."

Nous n'avons pas besoin de vous raconter la guerre dans ce pays, mais seulement à la suite de sa défaite totale, ‘Abd el-Kader fut contraint de fuir devant l'armée française victorieuse et fut finalement obligé d'abandonner nos malheureux coreligionnaires.

L'armée française, et, surtout, leurs alliés arabes, ont pris par erreur cet essaim de gens pour des hommes appartenant au chef arabe adversaire, et leur infligea un terrible massacre. Ce ne fut qu'une fois qu'ils furent las de l'effusion de sang et du carnage, qu'ils se rendirent compte qu'ils se battaient contre des malheureux civiles sans armes.

Le mérite revient aux soldats français d'avoir été les premiers à s'apercevoir de l'erreur et prodiguèrent finalement à nos pauvres frères protection et assistance.

Une souscription fut immédiatement ouverte pour ces créatures pitoyables dans toute la Régence, et spécialement à Oran. 

Chacun apporta avec empressement sa contribution, mais à quoi servent de si modestes dons face à l'énormité du besoin !

Aussi, les Israélites d'Oran comptent-ils sur votre bonté afin de secourir nos frères infortunés. Ils nous font pitié et leur situation est si dramatique. Plaçant notre confiance dans la célèbre philanthropie de nos coreligionnaires européens, nous osons croire que notre demande sera favorablement reçue."

Pour en savoir plus

L’exode des Juifs de Mascara, un épisode de la guerre entre Abd el-Kader et la France, par Valérie Assan:

https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2005-2-page-7.htm

 

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