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Par Danielle MORALI
Les soirées du Seder : Un programme éducatif en quatorze actes

Le Grand Rabbin S. Morali et MM. Attiach et Guedj, ministres officiants à la Synagogue des Tournelles (Paris, 1974)

Pièce maîtresse de la soirée du Seder, la Haggadah de Pessah relate la sortie d’Egypte et la constitution du peuple juif. Récit domestique que les parents sont tenus d’enseigner à leurs enfants, la Haggadah se caractérise par une pédagogie active qui implique les enfants dans le processus d’apprentissage. Composé de quatorze tableaux où alternent textes, rites, symboles, repas et chants, le Seder -terme hébreu pour ordre ou programme- structure le déroulement de la soirée et désigne la soirée elle-même.

Comme dans tout acte éducatif, la transmission opérée lors du Seder concerne à la fois le récit, les manières de le transmettre et les acteurs qui la mettent en œuvre ; d’où l’importance des quatorze points du programme qui sont autant d’actes d’inculcation exercés au sein du foyer par le chef de famille.

On nous permettra à partir de notre expérience de proposer quelques réflexions sur ce sujet.

*Comme les fêtes de pèlerinage dont elle fait partie (avec Chavouot et Souccot), du temps où les pèlerinages étaient pratiqués (jusqu’à la destruction du Temple), la fête de Pessah présente un double ancrage, historique et agricole. Célébrée à partir du 15 Nissan, Pessah évoque la dure condition des Hébreux en Egypte, l’Exode et les miracles de leur délivrance. Elle est aussi désignée comme « fête du printemps », début de la nouvelle récolte d’orge et aussi « fête de la liberté », sortie de l’esclavage. Précédée par un mois d’intenses travaux ménagers pour supprimer le hamets (levain), la fête dure huit jours et se caractérise donc par l’interdiction du hamets, la consommation de matsa (pain azyme, sans levure) et la lecture de la Haggadah (récit) lors des deux soirées du Seder (une seule en Israël) par lesquelles elle débute.

Moments de convivialité, de partage et de réjouissances, c’est au cours de ces soirées qu’on effectue en famille, en présence d’invités, d’amis, d’étrangers et de « quiconque a faim » le récit (en hébreu et/ou en français) de l’histoire des Hébreux en Egypte et de leur libération. Il revient au maître de maison de « donner » le Seder, de distribuer la parole et d’organiser la discussion.

Œuvre anonyme, la Haggadah comprend des éléments composés à différentes époques : le plus ancien, l’élément littéraire reprend le chapitre X de la Michna Pessahim, les derniers cantiques sont plus récents, comme l’explique le Rabbin Emile Schwarz dans l’introduction à la Haggadah de Pâque de Joseph Bloch.

A visée éducative, elle présente les symboles qui évoquent les notions-clés de Pessah : l’agneau pascal (le pessah, souvenir des sacrifices lors des pèlerinages et de l’agneau consommé avant l’Exode), le pain azyme (matsa) et les herbes amères (maror). « Quiconque n’a pas

accompli ces trois choses à Pâque n’a pas rempli son devoir » selon Rabbi Gamliel. C’est pourquoi les convives sont invités par le chef de famille à répéter à haute voix « Pessah, Matsa, Maror ».

Ces différents symboles ainsi qu’un œuf dur (symbole de deuil, mais aussi de vie ainsi que du Korban ‘Haguiga, sacrifice apporté à chaque fête au Temple), de l’eau salée ou vinaigrée, et du harosset (mélange de pommes, de figues et de vin, symbole du mortier utilisé pour la construction des villes de Pharaon) sont disposés sur le « plat » du Seder -signalons que traditionnellement le plat du Seder ainsi que le livre de la Haggadah font l’objet de décorations et d’illustrations-. Certains symboles (le pain azyme, les herbes amères, selon certaines modalités) sont dégustés rituellement avant la lecture de la Haggadah, d’autres après la fin de la première partie, juste avant le repas comme on peut le voir sur le Programme ci-dessous. Dans certaines familles, il est de coutume de passer par trois fois le plat du Seder au-dessus de la tête des convives comme pour rappeler le passage de l’état d’esclavage à l’état d’homme libre.

Programme du Seder :

1°QADDECHE : On dit Qiddouche sur le vin (sanctification de la fête).

2°OUR’HATS : Le chef de la famille (ou l’officiant) se lave les mains.

3°CARPASS : On mange du cerfeuil (ou du persil) trempé dans du vinaigre (ou dans de l’eau salée).

4° YA’HATS : On divise en deux la Matsâh du milieu (Lévi).

5° MAGGUIDE : On fait la narration de la Sortie de l’Egypte.

6° RA’HATS : Ablution des mains avec bénédiction.

7° MOTSI MATSAH : Bénédictions sur la Matsâh.

8° MAROR : Bénédiction sur les herbes amères.

9° KOREKH : En souvenir de Hillêl, « on enveloppe » les herbes amères dans la Matsâh.

10° CHOUL’HANE OREKH: Repas.

11°TSAPHOUNE : On mange ce qui a été « caché » (l’Aphikômân).

12°BAREKH : Actions de grâces après le repas.

13°HALLEL : On termine les psaumes de Hallêl.

14°NIRTASH : Bonne conclusion.

L’ordre du Seder se trouve dans la Michna Pessa’him, X, où nous voyons que déjà du temps du second Temple le programme était à peu près le même ; la versification de ce programme se trouve déjà chez Aboudarham (Séville, 1340)

(Source : La Haggadah de Pâque, Joseph Bloch, Haguenau, 1950)

 

Après les actions de grâces récitées après le repas, on passe aux psaumes et aux chants spécifiques de Pâque comme La chanson des nombres, La chanson du cabri, (cf.ci-après) chansons populaires, connues dans d’autres folklores, qui mettent l’accent sur l’enchaînement des évènements. On termine par le souhait millénaire « l’An prochain à Jérusalem ». Il est d’usage de boire quatre coupes de vin associées aux quatre termes de la Rédemption. Une cinquième coupe est destinée au prophète Elie, messager des temps messianiques.

A travers ces divers gestes -récit, rites, symboles, chants- qui sont autant de sujets d’étonnement, le Seder construit l’apprentissage et la formation des jeunes générations. C’est d’ailleurs au plus jeune assistant de l’assemblée (dès 3-4 ans) que la Haggadah réserve le privilège d’interroger ces pratiques.

Car si elle est un récit, la Haggadah est aussi et surtout un questionnement. C’est quasiment par ces mots qu’elle commence : « en quoi cette soirée-ci se distingue-t-elle des autres soirées ? Pourquoi mangeons-nous tous accoudés ? (en signe de liberté), pourquoi trempons-nous nos aliments dans de l’eau salée ? Pourquoi mangeons-nous du pain non-levé ? Pourquoi à cette soirée-ci mangeons-nous des herbes amères ? (en souvenir des souffrances endurées en Egypte) ». D’autres questions traversent le texte qui nécessitent les commentaires avisés du chef de famille ou des convives. Il n’y a pas de doute que s’élabore au cours de ces soirées une culture de la discussion et du débat à laquelle s’initient les enfants. D’autres passages font référence aux interpellations lancées par « quatre types d’enfants (ou d’adultes) : le sage, le simple, le méchant (l’impie) et celui qui ne sait pas questionner » sur la signification de la célébration de la Pâque. Les réponses livrées par la Haggadah suscitent à leur tour de multiples réflexions.

On est au cœur d’un processus éducatif qui partant des questions de l’enfant l’amène à entrer dans l’univers du symbolique et du religieux. Difficile liberté à laquelle nous invite Pessah.

Dispensée au sein de la famille, sous l’autorité des parents, la transmission du message de la Haggadah n’échappe pas aux difficultés de la communication, quels que soient la valeur de la pédagogie prescrite par le Seder et l’art des acteurs pour la rendre attractive. Elle peut dépendre de l’état des relations affectives qu’entretiennent parents et enfants et qui peuvent dans certains cas susciter une forme de refus momentané, surtout à la période de l’adolescence. Il s’agit ici, on le voit, d’un difficile équilibre entre autorité et liberté.

 

Conclusion

A travers les quatorze actes d’un programme établi pour transmettre un récit fondateur, les soirées du Seder propose un dispositif éducatif où la famille, acteur institutionnel, transmet avec le récit les manières qui permettent de l’acquérir et de se l’approprier. Pédagogie active qui valorise l’enfant et utilise tour à tour la diversité des modes de communication (l’écrit, l’oral, l’image, le chant, la nourriture, le goût), la Haggadah veut instaurer une relation de confiance et de respect. Elle contribue et consolide la formation intellectuelle, morale et religieuse des participants.

Au cours de cette expérience commune vécue en famille et partagée avec d’autres adultes, le Seder grave dans l’imaginaire les repères constitutifs d’une histoire collective tendue vers l’espérance messianique.

 

La chanson des nombres

Un qui connait un ?

Un c’est Dieu dans les cieux et sur la terre,

Deux qui connait deux ?

Deux, les deux Tables de la Loi,

Trois, les trois patriarches…

Quatre, les quatre mères…

Cinq, les cinq livres de la Thora …

Six, les six livres de la Michna…

Sept, les sept jours de la semaine…

Huit, les huit jours de la circoncision…

Neuf, les neuf jours de deuil (ou les neuf mois de grossesse) …

Dix, les dix commandements…

Onze, les onze étoiles…

Douze, les douze tribus…

Treize, les treize articles de foi.

 

La chanson du cabri ‘Had gadia

Un cabri que mon père avait acheté pour deux zouz,

Un cabri, un cabri,

Et vint le chat qui mangea le cabri que mon père avait acheté pour deux zouz,

Un cabri, un cabri,

Et vint le chien qui mordit le chat qui avait mangé le cabri que…

Et vint le bâton qui frappa le chien qui…

Et vint le feu qui brûla le bâton qui…

Et vint l’eau qui éteignit le feu qui …

Et vint le bœuf qui but l’eau qui...

Et vint le boucher qui tua le bœuf qui…

Et vint l’Ange de la mort qui tua le boucher qui…

Et vint le Saint, béni soit-il, qui tua l’Ange de la mort qui avait tué le boucher…etc.

Références bibliographiques :

Dictionnaire Encyclopédique du Judaïsme, Ed. Cerf/Robert Laffont « Bouquins », 1996

La Haggadah de Pâque, Joseph Bloch, 1950

Morali Simon « Ces nuits du Seder » in Revue des Tournelles, Paris 1974

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