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Les synagogues sont nombreuses en Algérie, y compris dans les villages les plus reculés, où le judaïsme est très ancien, antérieur à l’Islam – ne lit-on pas chez l’historien berbère Ibn Khaldoun que l’opposant le plus farouche à la pénétration des envahisseurs arabes au VII° siècle fut la Kahéna, reine des Aurès, de la tribu judaïsée des Djeraouas ?

 

En Algérie la foi juive a toujours été intense et ses lieux de culte particulièrement fréquentés. À Alger, le "Grand Temple", en pleine Casbah, a la forme d’une mosquée, avec un vaste dôme. 

 

Oran s’enorgueillit, à juste titre, d’avoir la plus belle synagogue d’Algérie, rivalisant avec la cathédrale d’Alger avec ses deux tours et ses rosaces. 

 

À l’intérieur des synagogues, l’objet du culte est la parole divine donnée à Moïse et inscrite par des scribes pieux sur la peau des rouleaux de la Thora, rangés dans l’arche sainte que surmontent les Tables de la Loi. À la prière solennelle, le rouleau est sorti de l’arche, exhibé à la vue des fidèles, couché sur la table de lecture – tevah – où le rabbin récite et chante le chapitre – paracha – de la semaine. 

 


Principales synagogues d’Alger : Le Grand Temple, place du grand-rabbin Abraham Bloch ; temple Jaïs, rue Scipion ; temple Ben Néoral, rue Médée ; temple Serfati, rue Sainte ; temple Chaloum Lebar, rue de Dijon ; temple Guggenheim, impasse Boutin ; temple Hara, rue Volland, temple Kaoua, allée des Mûriers ; temple du Consistoire, rue Suffren. 
Le Grand Temple était celui des cérémonies officielles ; c’était aussi la synagogue fréquentée par le grand-rabbin d’Algérie, Maurice Eisenbeth, qui y officiait avec une magnifique voix de basse, notamment le jour de Kippour. 

Le temple de la rue Scipion était plus spécialement celui des notables et des grands commerçants de la ville. Ses rabbins titulaires étaient les rabbins Zerbib et Kamoun, ce dernier devenant au moment de la guerre d’Algérie aumônier général des Armées. 
Le temple Guggenheim avait un rituel particulier (ashkénaze) qui était indiqué sur les livres de prière en usage dans les synagogues d’Algérie. 


Le temple de la rue de Dijon, fondé en 1894, était la synagogue des mariages et pour cela même considérée comme le plus beau lieu de culte d’Alger. Elle contenait jusqu’à cinq cents personnes. À l‘intérieur une magnifique tenture rouge recouvrait le tabernacle, avec de chaque côté des céramiques anciennes. L’éclairage autour de l’autel faisait briller les incrustations de verre de cette tenture, créant ainsi une certaine féerie.

Au fond de la synagogue s’élevait une tribune, pouvant contenir soixante personnes, et qui abritait un harmonium servant aux cérémonies. Les enfants de chœur y prenaient place pour les chants de mariage. Jusqu’aux derniers temps l’harmonium était tenu par Mme Doneddu, mère d’Ida Doneddu, qui fut la grande cantatrice d’Alger et chanta même à l’Opéra de Paris.

 

Les mariages étaient célébrés par un rabbin qui en avait fait sa spécialité et doté d’une voix magnifique : Aaron Molina. 
Aujourd’hui toutes ces synagogues ont disparu ou ont été transformées en mosquées.