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Recension par Norbert Bel Ange le 2 août 2017

Il fallait bien ces 190 pages pour faire une synthèse de cette guerre d’Algérie. Ce roman graphique est d’abord un livre d’histoire et un livre d’historien.

Les dates, les faits, la sobriété du récit, l’aspect synthétique, la multiplication des points de vue en font un livre "choral".

Les dissensions au sein de la révolution algérienne, les différents mouvements, les différents responsables, la montée en puissance du FLN sont étudiés dans le détail.

Quant au dessin, parfois en contrepoint ou en complément du texte, il apporte un supplément d’informations. Le trait est sobre parfois jusqu’à la silhouette, l’évocation… Le dessin suggère plus qu’il ne montre lorsqu’il s’agit d’évoquer les attentats ou la torture.

Chapitre après chapitre, on arrive à suivre cette « fameuse » guerre d’Algérie.

Peut-être un manque : l’histoire des Juifs d’Algérie durant cette guerre. La neutralité et la prudence prônées par le comité d’études sociales. L’engagement limité des uns et des autres dans un camp ou dans l’autre.

À ce sujet, les mémoires familiales demeurent encore verrouillées. Une sorte de tabou.

Le manque d’informations, le manque de clairvoyance a conduit bon nombre d’entre nous dans une forme d’aveuglement et de surdité… ?

L’appel du FLN pour que les juifs d’Algérie restent en Algérie, les réticences du général De Gaulle pour « accueillir » ces mêmes juifs d’Algérie, le rôle du vice-amiral Louis Kahn pour débloquer cette situation…

Au fil du texte, quelques éléments que j’ai retenus.

P.107 -  Benjamin Stora rétablit la vérité de l’Histoire.

À Mostaganem, le général de Gaulle a bien dit le fameux : « Vive l’Algérie française ». Ni dans les mémoires du Général, ni dans la biographie de Jean Lacouture, il est fait allusion à ce fameux moment, où juste 100 000 personnes en ont été les témoins !

P.108 -  Pour le vote en faveur de la Constitution de 1958, ma maman, de mémoire bénie, a été recrutée pour inciter les femmes musulmanes à aller voter !

p. 113. Paradoxe de cette guerre. Deux flux « migratoires » vont alimenter cette page d’histoire : le flot croissant des appelés venus de la Métropole débarqué sur les terres algériennes et le flux migratoire des travailleurs algériens depuis l’Algérie vers les grandes villes de la Métropole.

p.114

Le rappel des luttes fratricides, en de multiples occasions, au sein des mouvements de libération algérienne, responsables de plusieurs milliers de morts.

En conclusion, la lecture de ce roman graphique est un excellent « véhicule » pour apprendre de nombreux faits sur cette histoire de la Guerre d’Algérie.

Norbert Bel Ange le 2 août 2017