logo_transparent1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Le webroman-feuilleton du site internet de MORIAL

Afin de pallier la morosité ambiante, nous vous proposerons régulièrement des extraits du dernier ouvrage de notre Président d’honneur, Didier Nebot. A travers cette fable fantastique, véritable livre de mémoire(1492-1914), vous pourrez vous évader du contexte anxiogène actuel.

Episode 3

Plus au sud, à vingt lieues à l'intérieur des terres, se trouvait Miliana, fief de la tribu des Beni-Menasser. Les chemins escarpés ralentissaient l'allure des mules.
Ce n'était que montagnes qui dentelaient l'horizon, alors que les brumes épaisses du matin se dissipaient lentement. Après la nature horizontale de la côte, David découvrait ces paysages verticaux, les éboulis, les arbres jaillissant vers le ciel, la chaleur lourde et moite entre ronces et caillasse, et le Chéliff, oued aux humeurs si changeantes.

La petite troupe voyagea deux jours à travers la montagne par de sinueux sentiers de chèvres avant d'arriver à la ville.

Une quarantaine de familles juives était installée ici.

Le souk était immense. La place du marché de Cherchell semblait dérisoire. Dans la ville, encaissée au milieu des roches et de la verdure, tout ce que cette terre produisait d'épices et de céréales, de laitages et d'étoffes, de volailles et de chevaux, tout ce que les hommes fabriquaient de bijoux, de vases, de costumes et de meubles, tout s’étalait là dans l’agitation des mains et du verbe. Un coin du souk semblait différent du reste du marché, et David ne tarda pas à reconnaître ceux de sa communauté. Il fit un signe de remerciement à l’homme qui l'avait conduit jusqu'ici : "Voilà petit, cours là-bas, et bonne chance".

Entre adieux ici et précipitation là, David se trouva devant un étal de tissu. Entendant quelques mots d'hébreu, il devint attentif. De joie, il frappa dans ses mains et éclaira son visage d'un immense sourire. Le marchand s'étonna, sa femme observa à son tour le jeune homme et face à l'irrésistible sourire, ils l'interpellèrent en hébreu. David sauta spontanément au cou de l'homme. Dans un souffle, il lança des phrases désordonnées et le couple attendri, attendit qu'il se calme. Quelques minutes après, entouré d'une dizaine de personnes, il rassembla ses esprits pour raconter son histoire. Tous furent émus à l'écoute de ce jeune Moïse à qui Dieu avait permis de survivre.

Le marchand lui raconta alors sa propre histoire : "Nous sommes une quarantaine de familles juives ici, nous avons débarqué, il y a un an, et les Arabes nous ont bien accepté. On vit en bonne intelligence avec eux. On est regroupé au nord de la ville, nous payons la dîme au calife, le montant en est raisonnable. L'Espagne n’est plus qu’un vieux et mauvais souvenir. Certes ce n’est pas la richesse, loin s’en faut, nous vivons dans des abris rudimentaires et certains sont encore sous la tente, mais on nous laisse tranquille. Nous ne sommes pas malheureux. Te rends-tu compte, le Hakem, le maire de Miliana, nous attendait, il y a un an, avec du café qu’il nous fit servir en signe d'hospitalité. Parfois, nous nous rendons à Alger. C'est un petit port calme et peu fréquenté, mais nous allons en pèlerinage sur les tombes des grands rabbins Ribach et Rasbach, ils ont eu l'intelligence de fuir en 1391, lors des premiers grands massacres qui ont secoué l’Espagne".

David était impressionné par une telle sérénité. Une vie presque paisible semblait possible ici, mais elle n’était pas faite pour lui. Il n’avait qu’un désir : retrouver le reste de sa famille, quitte à parcourir le pays, de ville en ville, le restant de ses jours.

=====

Quelques semaines plus tard l'occasion se présenta et il trouva une petite place dans un convoi en direction de Tlemcen. Pour tout bagage, il n'emportait que le trophée de Lazare.

Sur la route, un soir, ils se firent attaquer par une poignée d'hommes armés jusqu'aux dents. David crut que sa dernière heure fut arrivée. La plupart des hommes du convoi furent tués, les brigands l'épargnèrent pour le vendre comme esclave. La troupe suivit l'oued Chélif qui servait de route à travers le pays. À l’ouest de la Mitidja, le Djebel Doui s’enroula. D’étonnantes étendues d’artichauts sauvages, fleurs verticales, striaient de gris-vert le paysage. Dans le lointain apparut Sauk Tleta, fief de la tribu des Béraz.

Les brigands le briquèrent à neuf et l’affublèrent d'un accoutrement étrange pour sans doute le faire paraître plus exotique. Ils l'amenèrent ensuite sur une petite place où se trouvaient aussi d’autres compagnons d'infortune. Après avoir été étudié sous toutes les coutures – il dut montrer ses dents, ses mains, son corps –, David fut acheté par le conseiller du Cheik d’Aïn Méhdi, bourg proche du désert. Puis l'importante caravane prit la piste du sud : des marchands dont les mules étaient bardées de marchandises achetées, des chameaux par dizaines, une cohorte piaffante de chevaux, des moutons en fleuve fluide et bêlant, et une importante escorte de cavaliers armés, chargés d’assurer la sécurité de la troupe. La caravane rejoignit M’Tayeb, premier k’cour, aux avant-postes du désert. Esclaves et bêtes profitèrent de l'eau à profusion, la nourriture fut distribuée. David, perplexe, sentait sa méfiance décroître, nulle marque de dédain de la part de « ses propriétaires » ou de ses gardes. Il était entre les mains des Djiids, Arabes du Grand-Sud, et il découvrait petit à petit combien le raffinement, la sagesse et la tolérance, étaient leurs armes essentielles.

Après plusieurs jours de voyage et être passé de k’çour en k’çour, le convoi parvint au défilé du Djebel Amour. Au loin, David aperçut comme dans un rêve une oasis à perte de vue : Aïn Médhi, première grande ville du Mzab, bâtie sur une colline, parsemée de mille jardins voluptueux.

Mimoun Bensahel, le Cheik d’Aïn Médhi, les attendait, étendu sur des coussins brodés d'or, éventé par deux négrillons qui agitaient lentement des feuilles de palme. Une petite fontaine coulait en mince filet d'eau, et l'air sentait le jasmin. Pour David qui s'attendait à rencontrer un homme obèse, à la lippe épaisse, le cheik affichait une expression d'une grande noblesse, avec un visage sec et racé. Le Cheik remercia son conseiller d'avoir opéré un aussi bon choix ; lui aussi, comme son cousin de la ville voisine, pourrait maintenant se targuer de posséder un esclave juif espagnol. Il invita David à s'asseoir et à se désaltérer. Le Cheik possédait quelques notions d'espagnol et un semblant de conversation s'engagea.

lien du livre: https://www.erickbonnier-editions.com/romans/10-commandements/

"A suivre"

 

         

 

             Didier Nebot

 

 
 
 
What do you want to do ?
New mail
 
What do you want to do ?
New mail

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

MORIAL - Association loi de 1901 - Le nom MORIAL est déposé à l'INPI © 2011 Tous droits réservés
Site réalisé Avec joomla Conception graphique et développement : Eric WEINSTEIN