(N° 17) VICTOIRE DE LA KAHENA SUR LES ARABES
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(N° 17) VICTOIRE DE LA KAHENA SUR LES ARABES
Par
Didier NEBOT
L’étape suivante verra l’élimination des Byzantins.
Comprenant l’erreur d’Ocba qui avait agi avec précipitation en se lançant dans la conquête de l’Afrique, Hassan ibn-Noomane décide de partir avec une armée beaucoup plus importante et de s’attaquer aux villes côtières avant de conquérir le reste du pays.
Il reprend Kairouan en 691, puis se heurte à plusieurs reprises aux Byzantins, qu’il chasse définitivement d’Afrique. Carthage est rasée et, en 698, c’en est fini de cette ville, fierté de la région depuis tant de siècles (53). À la place, il fait bâtir, non loin de là, la ville de Tunis.
C’est alors qu’entrent en lice la Kahéna et sa tribu. Les historiens arabes, qui relatent d’ordinaire les faits avec concision et sécheresse, tracent pourtant de cette femme, qui paraît avoir excité leur imagination, un portrait vivant.
« La mort de Koceila eut pour conséquence de faire passer la primauté à une autre tribu aurasienne, celle des Djéraoua, qui dominait l’Aurès oriental... Ce ne sont plus des chrétiens comme les Ouaréba, mais bien des juifs. Ils sont grands nomades chameliers à peu près purs, de nouveaux venus, n’ayant pas, comme les Ouaréba, une association d’intérêts et d’idées avec le latinisme et le christianisme. Cette fois le trône revient à une femme, la Kahéna, et dans la société berbère une femme qui commande aux hommes a un caractère sacré (54), quelque chose de marabout. Mais ce n’est pas en arabe qu’il a ce sens, c’est en hébreu, et probablement aussi en punique. On incline à croire que l’étymologie hébraïque est la bonne (55) »
« Dotée d’une grande beauté, elle était recherchée en mariage par les chefs les plus puissants. Elle repoussa les offres d’un jeune homme que son caractère cruel et ses habitudes de débauche lui rendaient odieux. Son père, chef suprême de la tribu étant mort, ce fut ce prétendant évincé qui fut appelé à lui succéder. Il fit peser sur ses sujets la plus insupportable tyrannie. La Kahéna forma le projet de délivrer son peuple du monstre qui l’opprimait. Elle annonça son mariage avec le tyran, qui se réjouissait déjà de goûter le triomphe si longtemps désiré. Elle l’épousa et lui plongea un poignard dans le sein. La libératrice fut immédiatement proclamée chef par ses compatriotes (56). »
De son vrai nom Dahia, elle sut s’imposer auprès de tous les Berbères qui la redoutaient et lui obéissaient.
« Quand Hassan ibn-Noomane eut chassé les Grecs, il séjourna quelque temps à Kairouan pour donner du repos à ses troupes. Ayant demandé aux habitants quel chef puissant restait encore en Ifrikia, il lui fut répondu que la Kahéna exerçait un pouvoir tel que, s’il parvenait à vaincre cette femme, il serait maître absolu de tout le Maghreb. Il se mit donc en marche vers l’Aurès. À la nouvelle de cette menace, la Kahéna descendit de ses montagnes à la tête d’une armée innombrable... et fit halte près d’une petite rivière, la Meskiana (57), où se trouvait Hassan.
Vu l’heure avancée, ce dernier n’accepta pas la bataille. Les deux armées passèrent la nuit en selle. Au point du jour, elles se précipitèrent l’une contre l’autre, la mêlée fut affreuse et les Berbères restèrent vainqueurs. Mis en déroute, Hassan fut poursuivi jusqu’à ce qu’il eût dépassé le territoire de Gabès, trouvant refuge seulement dans la province de Tripoli (58) »
C’est ici que la Kahéna fit une erreur qui lui sera fatale par la suite. Au lieu de poursuivre son ennemi et de le chasser définitivement d’Afrique, elle laissa Hassan reconstituer ses forces dans ce coin de la Cyrénaïque.
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53 Une remarque s’impose cependant, car les historiens arabes indiquent toujours des dates précises, mais qui ne sont jamais les mêmes. Ils se contredisent sur la prise de Carthage, les batailles de la Kahéna et la date de la mort de cette dernière. Ainsi, la conquête de Carthage a lieu pour les uns en 695, pour d’autres en 696, pour d’autres encore en 698. La mort de la Kahéna se produit entre 698 et 705. C’est pourquoi il existe une certaine approximation dans les dates, qui ne remet pas en cause le déroulement des événements.
54 En-Nowaïri écrit : « Cette femme prédisait l’avenir, et tout ce qu’elle annonça ne manqua jamais d’arriver. » Propos confirmés par d’autres auteurs arabes.
55 E.F. Gauthier, Le passé de l’Afrique du Nord. Une réserve cependant, à mon sens : les Djéraoua,relativement nouveaux venus dans la région, étaient des semi-transhumants plutôt que de purs nomades sahariens.
56 Lartigues, Monographie de l’Aurès, tiré de Ibn Khaldoun.
57 Les historiens arabes se contredisent sur ce point : la bataille de la Meskiana s’est-elle déroulée une fois Carthage détruite ou alors que la puissance grecque était encore installée. Pour ma part, il semble logique qu’elle ait eu lieu après la déroute byzantine.
58 Sur cette bataille, voir les textes arabes de El-Kairouani, El-Bayan, El-Bekri, En-Nowaïri, Bolbenï. Selon El-Bekri, la bataille aurait eu lieu sur le territoire de Gabès.
Les enfants d'Yishmaël - Itinéraires séfarades maghrébins, du Moyen Age à nos jours
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Par Denis Cohen-Tannoudji
Cet ouvrage broché de 442 pages a été publié le 26 octobre 2010 par l’éditeur Hermann
Résumé
L'historiographie sur les Juifs d'Afrique du Nord est encore loin d'être aussi riche que celles sur les autres communautés juives ; cet essai a donc été conçu pour combler cette lacune.
À partir du dépouillement systématique des documents littéraires et rabbiniques de la famille Cohen-Tannoudji, l'auteur brosse le tableau historique des Juifs maghrébins du Moyen Âge à nos jours.
Histoire de l’Afrique du Nord : des origines à la conquête arabe
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Par Charles-André JULIEN
Cet ouvrage broché de 867 pages est publié le 25/10/1994 chez l’éditeur PAYOT
Résumé
Paru pour la première fois une vingtaine d'années après l'implantation officielle de la tutelle française sur le Maroc et cent ans après la prise d'Alger, cet ouvrage se voulait à contre-courant du regard que les Européens portaient alors sur les colonies d'Afrique du Nord.
Appuyé sur des recherches solides, l'historien cherchait à établir une continuité dans le passé maghrébin, depuis ses origines jusqu'à la colonisation, en étudiant de quelle manière Phéniciens, Vandales, Romains et Arabes se sont fondus dans la pérennité berbère.
(N°14) LES DJERAOUA
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Par Didier NEBOT
En se fondant sur plusieurs auteurs arabes et en particulier justement sur Ibn Khaldoun, on peut préciser la répartition des tribus juives en Afrique à cette époque (à l’exception des juifs des villes côtières).
Il y avait les Djéraoua dans le massif des Aurès, les Nefouça dans le Sud tunisien et la Libye actuelle , la grande tribu des Médiouna dans la région de Tlemcen, les tribus des Behloula, des Rhiata, des Fazaz et des Fendéloua, dans le Maroc actuel. Elles se convertirent toutes, majoritairement, plus tard à l’islam.
(N°15) LA KAHENA
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Par Didier NEBOT
Comme nous l’avons déjà cité plus haut, voilà ce que disait Ibn Khaldound dans sa célèbre Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique :
"Une partie des Berbères professait le judaïsme. Parmi leurs chefs les plus puissants, on remarqua surtout la Kahéna, reine du Mont-Aurès, et dont le vrai nom était Dahia, fille de Tabet, fils de Nicin. Sa famille faisait partie des Djéraoua, tribu qui fournissait des rois et des chefs à tous les Berbères descendus d’El-Abter." Malgré le témoignage unanime des auteurs arabes, certains doutent encore, car malheureusement la politique est passée par là.
Si l’on devait suivre les conclusions de ces auteurs, il faudrait se demander où sont passés les nombreux descendants de ces juifs chassés de Cyrénaïque en l’an 118 par les romains qui étaient hors des "limes romains", il faut bien qu’ils se soient retrouvés quelque part, ils ne peuvent pas s’être volatilisés ! Comme il n’y a eut ni extermination, ni exode massif, la conclusion s’impose d’elle-même.
(N°16) LA CONQUETE ARABE
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Par Didier NEBOT
Lorsque les Arabes arrivèrent en Ifrikia – c’est ainsi qu’ils appelèrent la Tunisie actuelle –, ils se retrouvèrent face à des groupes multiples, peu organisés, en révolte permanente.
Ils avaient conquis en peu de temps des territoires immenses, s’étendant de l’Égypte à Samarcande, ils avaient asservi des royaumes centralisés qui, une fois la capitale conquise, avaient accepté leur autorité facilement, mais ils mirent plus d’un demi-siècle pour s’imposer au Maghreb.
En Afrique, ils se trouvèrent confrontés à des tribus aux coutumes diverses, vivant dans des régions difficiles à contrôler, et capables de s’unir pour repousser l’envahisseur.
Juifs au Sahara : Le Touat au Moyen Âge
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Par Jacob Oliel
Cet ouvrage broché de 188 pages a été publié le 1 septembre 1998 chez l’éditeur CNRS Editions
Résumé
Après la destruction du Temple de Jérusalem, au début du IIe siècle, des Juifs chassés de Palestine s'installent au cœur du Sahara, au Touat. Ils vont y développer une communauté active irriguant le désert puis investiront le commerce caravanier. Tametit deviendra un moment un nom mythique au même titre que Tombouctou ou Chinguetti.
Cette histoire durera 13 siècles et pourtant aujourd'hui il n'en reste que peu de traces physiques. Une reconstitution de cette étonnante histoire par le spécialiste de la mémoire juive saharienne.
Exposition "Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire"
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Introduction au catalogue de l'exposition, par Benjamin Stora
Jusqu'au 13/03/2022, l’IMA propose un événement dédié à l’histoire des communautés juives d’Orient.
Cet événement, qui est une grande première à l'échelle internationale, met en lumière la longue histoire juive en Orient. Le visiteur découvre la richesse des contacts des communautés juives avec les différentes civilisations, grecque, romaine, perse, qui ont dominé les territoires où la diaspora s'est implantée au cours de l'histoire.
(N°10) VILLAGES ET NECROPOLES JUIVES AVANT L’ISLAM
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Par Didier NEBOT
Les nécropoles sont, de toutes les traces archéologiques laissées par les différents peuples, celles qui traduisent le mieux leur passé.
Rechercher ces lieux funéraires c’est en faire une photographie à l’époque ancienne. Ainsi dans tous les lieux décrits par Ibn Khadoun où se trouvaient les tribus juives, qui pour la plupart ne sont pas des zones d’influences phéniciennes, on remarque de nombreuses nécropoles du type de celles rencontrées à Jérusalem. L’exemple le plus flagrant est le grand cimetière juif de Gamarth, au nord de Tunis, datant des premiers siècles de l’ère chrétienne et où l’on a retrouvé plusieurs centaines de tombeaux taillés dans le roc et contenant des niches, comme à Jérusalem.
(N°11) DEUX MONDES A LA FIN DE L’EMPIRE ROMAIN
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Par Didier NEBOT
A la fin de l’époque romaine, en Afrique du Nord, deux mondes cohabitaient sans pratiquement jamais se rencontrer, sauf parfois de manière brutale.
D’un côté, les villes, avec des artisans, des commerçants et une bourgeoisie phénico-libyenne, tous soumis et pacifiques, parlant le latin, chrétiens, collaborant activement avec l’occupant romain ; dans ces mêmes villes, on trouvait des juifs.
De l’autre, dans les campagnes, des tribus pratiquant une agriculture intensive afin de nourrir l’Italie, en apparence soumises mais surtout amères et supportant difficilement l’exploitation dont elles étaient l’objet, parlant toujours le punique et le libyen (c'est-à-dire le berbère), leur langue maternelle.
(N°12) LES BYZANTINS
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Par Didier NEBOT
Quand, près de cent ans plus tard, arrivèrent les Byzantins, le monde qui allait bientôt accueillir les Arabes était déjà modelé. Un siècle de vandalisme avait donné sa texture définitive au pays.
En 533, Les Grecs de Byzance prirent possession de Carthage et de quelques comptoirs disséminés en Afrique, mais leur occupation n’avait rien de commun avec celle de Rome.
Les Juifs dans l'Afrique romaine
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Par Yann Le Bohec
Préface de Mirielle Hadas-Lebel
Cet ouvrage broché de 115 pages est paru le 20/04/2021 chez l'éditeur Memoring
Résumé : Une synthèse consacrée à l'histoire, à la localisation et aux aspects socio-économiques des Juifs de l'Afrique romaine. L'historien déconstruit le mythe du judaïsme punique, décrit les communautés de Mogador à Syrte, leurs statuts juridiques et leur condition sociale, les synagogues les nécropoles, les conversions et les conflits entre les religions.
Histoire ancienne de l'Afrique du Nord - Tome 1
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De Stéphane Gsell
Cet ouvrage de 553 pages est paru le 1 octobre 2014 chez Hachette Livre BNF
Histoire ancienne de l'Afrique du Nord. Tome 1 / Stéphane Gsell,... Date de l'édition originale : 1913-1929 Sujet de l'ouvrage : Afrique du Nord -- Jusqu'à 647. Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique.