Imprimer
Affichages : 884

À l’occasion de la célébration des soixante ans d’indépendance, des personnalités ont uni leurs plumes pour dire, chacun, son attachement à l’Algérie.
Deux ouvrages sont parus, avec deux titres différents; mais, avec les mêmes textes :

- un à Paris (Mémoires en miroir) et
- un à Alger (Je suis vêtue de peau fraternelle).

   En France "Mémoires en miroir - Algérie-France"
Cet ouvrage broché de 262 pages, a été publié à Paris, le 2 mars 2022 chez l'éditeur HDiffusion 
Extrait de la contribution de Didier NEBOT 
Je voudrais conclure par cette histoire, cette belle action faite par ma mère, à Alger, le jour de mes 9 ans. Je ne veux pas paraitre pour un vieux « cheikh juif » qui radote, mais écoutez-moi car cela s’est vraiment passé comme je vous le raconte :

Pour mon anniversaire de 9 ans, on avait donné une fête dans notre villa de la rue Francis Garnier, près du Parc de Galland, tel qu’il s’appelait lors de la colonisation, et on avait invité une trentaine d'enfants. Pour conclure de façon éclatante cette belle après-midi, ma mère avait décidé de faire une tombola avec comme premier prix une magnifique bicyclette (cadeau exceptionnel dans ce post après-guerre).

Parmi les invités se trouvait un petit voisin arabe, Ali, malingre, avec qui je jouais régulièrement, dont la famille était l'une des plus pauvres de la ville, et ma mère avait décidé de lui faire gagner la bicyclette envers et contre tout. Elle m'avait mis dans la confidence. La veille de la fête, sur une trentaine de bout de papier repliés, elle avait inscrit le nom du seul Ali, le tout placé ensuite dans une grande enveloppe.

Le lendemain au moment du concours, tous les enfants (sauf moi) inscrivirent leur nom sur un morceau de papier qu'ils replièrent et que ma mère mis dans une autre grande enveloppe. Puis, discrètement, elle intervertit les deux enveloppes et c'est le petit Ali qui gagna.

Je me rappelle encore de l'expression émerveillée de son visage à ce moment-là, lui qui n'avait pas dû avoir beaucoup de petites joies alors.

 

A Alger "Je suis vêtue de peau fraternelle" aux éditions Frantz-Fanon 

Introduction de Nazim Benhabib, le coordinateur du livre :

La mémoire peut-elle tutoyer l’Histoire et lui faire entrevoir des réalités volontairement ou inconsciemment refoulée ?

C’est à cette question que tente de répondre cet ouvrage sans la poser solennellement.

Démêlant l’accessoire et l’essentiel avec une finesse et une lucidité singulière, trente personnalités d’Algérie et de France, universitaires, chercheurs, artistes, écrivains, diplomates, architectes, médecins et hommes de foi, tous « vêtus de peau fraternelle » se sont plongées dans l’intimité des mémoires franco-algériennes pour en extraire ce qu’il y a de beau et de commun : les promesses de l’avenir.

La pluralité même des points de vue, récits de vie, témoignages et analyses fait de ce travail polyphonique un objet original avec une vision résolument projetée vers l’avenir.

Puisse cet ouvrage contribuer à mettre fin aux silences, aux réticences suspectes et aux bavardages inutiles et ouvrir les portes des fraternités à venir.