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Par Didier NEBOT

Tombe d'Isaac Ben Chechet à Alger, tableau de Wilhelm Gentz.

Rabbi Itshak bar Chéchet, soit le Ribach, est né à Barcelone en l'an 5086 soit en 1326. Il eut comme maîtres : rabbi Hasdaï Crescas, rav Peretz Hacohen et Rabbénou Nissim bar Réouven Gironde. Ce dernier était son maître par excellence. A Barcelone, il s'occupait de la communauté. La nature de ses fonctions nous est inconnue et, en l'an 1370, à la suite d'une dénonciation, il fut mis en prison en compagnie de ses frères, d'autres Sages et membres de la communauté. Au terme du procès ils furent acquittés et relâchés. En 1372, le Ribach quitte Barcelone et se rend à Saragosse où il est accepté par la communauté en tant que rabbin.

 En 1385, il quitte Saragosse pour Valence et, à la même époque, il acquiert une réputation dans toute l'Europe en tant que décisionnaire de haut niveau. De nombreuses communautés, proches comme lointaines, faisaient appel à lui pour des questions halakhiques.

Lors des émeutes de 5151 , le Ribach comptait parmi les Juifs partis se réfugier en Algérie. Au début, il s'installa à Miliana puis bientôt à Alger. Là, il oeuvra en tant que rabbin et fut très apprécié par la plupart des membres de la communauté. Il était 

considéré comme étant le principal dirigeant des Juifs originaires d'Espagne en Algérie.

Le Ribach était versé en littérature et en philosophie du Moyen-âge mais s'opposait au courant de pensée des autres Sages. Ces derniers étaient en contradiction avec les principes fondamentaux de la croyance du judaïsme, tels que la création du monde ex-nihilo et le concept de l'intervention divine. C'est pourquoi il ne montrait pas un grand enthousiasme pour l'étude de la mystique. Le Ribach mourut en Algérie en 5168, à savoir en 1408. Il laissa derrière lui un recueil important de réponses aux questions halakhiques, de chants et de nouvelles interprétations du Talmud. On retrouva l'endroit de sa tombe en 1896 sur laquelle était gravée une élégie de Rabbi Aba Maari Ibn Ksafi, contemporain du Rachbatz (Rabbi Chimeon ben Tsémah) et du Rachbach (Rav Chmouel bar Chilat).

Le Rav Chimeon ben Tsémah Duran succéda au Ribach. C'était une véritable encyclopédie vivante : il étudiait le Talmud, était décisionnaire, médecin, philosophe, cabaliste mathématicien, chanteur et commentait la Thora. C’était un écrivain de grand talent. Il laissa de nombreux ouvrages dont le principal est un recueil de responsa. Il mourut en 5204, soit en 1444. Son fils, Rabbi Chlomo, lui succéda, et lui aussi rédigea de nombreux ouvrages. Le plus important d'entre eux est un recueil de responsa. La plupart des livres halakhiques rédigés en Algérie par les érudits de la première et deuxième génération de réfugiés de 5151 le furent par le Ribach, le Tachbatz (responsa de Rabbi Chimeon ben Tsémah Duran) et le Rachbach. Ces ouvrages devinrent un patrimoine inaliénable dans le domaine halakhique.

La communauté juive d'Algérie, désireuse de remercier la venue bienfaitrice des trois rabbins mentionnés ci-dessus, a coutume de citer leur nom dans une prière spécialement adressée à leur souvenir, chaque année, la veille de Kippour, après la prière de kol nidré : « Que celui qui permet aux gens intègres de se tenir parmi les âmes pures et d'avoir part à la vie éternelle les épargne, les sauve et les délivre de l'enfer. C'est sous son conseil qu'il les consolera et il leur donnera du respect ; là se trouve la part et le respect de notre vénéré maître, véritable pilier solidement établi, à qui nous tous nous nous sommes adressés, rabbénou Itshak bar Chéchet, ainsi que de notre grand maître rabbi Chimeon ben Tsémah, et de notre vénéré maître rabbénou Chlomofls de rabbénou Chimeon Duran... »