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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

PaDidier NEBOT

A Mascara, devenue la capitale des arabes de l’ouest, Abdelkader, dont l’aura et la notoriété avaient grandi au fil des mois, s’était installé dans l’ancien palais du bey.

Il avait négocié en février 1834 un traité de paix avec la France qui le reconnaissait comme « commandeur des croyants. »  Il était entouré d’une cour importante de béni-oui-oui, vivant dans le culte des salamalecs, des pots-de vin et des bakchich et dont l’objectif était de jeter les français à la mer.

 

(41) LA GUERRE SAINTE :

   18 NOVEMBRE 1839

                 

               Par

 

 

      Didier NEBOT

 

 

(41) LA GUERRE SAINTE : 18 NOVEMBRE 1839Malgré le traité qu’ils avaient passé avec Abd El Kader les français n’étaient qu’à moitié rassurés. Aussi pour asseoir leur autorité, portèrent-ils leurs efforts sur Constantine, alors sous la juridiction du bey Ahmed, mais pas sous celle d’Abd El Kader à qui tout l’ouest de l’Algérie avait été donné. Après une lutte acharnée les français s’emparèrent de Constantine. Les morts se comptaient par milliers, de nombreux combattants se jetèrent dans les gorges du Rommel plutôt que de se rendre. Les arabes rageaient, ils avaient encore une fois été humiliés.

 

 

Mais Abd El Kader sut leur redonner l’espoir. En effet un beau jour, la nouvelle tomba : l’Emir avait soumis la ville d’Aïn Medhi, (12 JANVIER 1939)  dans le grand Sud, aux portes du désert. Certes, les Français n’étaient pas en cause, puisqu’il s’agissait, sur le territoire d’Abd El Kader, d’un conflit entre lui et le marabout Sidi Mohamed El Tedjini qui refusait son autorité, mais tout de même ! Il y avait là de quoi effrayer les colons les plus optimistes. Désormais, toutes les tribus étaient soumises à Abd El Kader.

 

 C’était l’hésitation et l’inquiétude parmi les français. Quelle conduite devait-il tenir? Abd El Kader ne voudrait-il pas avoir plus et se frotter à eux? Fallait-il consolider les quelques positions qu’ils avaient ou continuer la conquête?Pour l’heure ils avaient d’importants problèmes de logistiques à résoudre, ils avaient beaucoup de mal pour se rendre d’Alger à Constantine, car il fallait passer par les territoires alloués à l’émir. Aussi le commandant de Salles, neveu du gouverneur Vallé, se rendit-il auprès du chef arabe pour lui demander le fort de Hamza et un petit corridor, ce qui permettrait aux français de rejoindre les deux villes autrement que par la mer.

Abd el kader refusa:“Ce qui est signé est signé ”, répondit-il. Le commandant de Salles repartit la tête basse. C’était la jubilation parmi les arabes. Ils disaient : « Allah est grand ! Notre chef est brave. Maintenant que tout l’intérieur du pays nous appartient, il ne nous reste plus qu’à chasser l’infidèle des villes où il se trouve. Préparons-nous. »  Abd El Kader se préparait à la guerre sainte. Il n’attendait qu’un faux pas des Français pour la déclencher.

 

Les troupes françaises lui fournirent cette occasion. En effet le lendemain, le duc d’Orléans, à la tête d’une colonne armée, franchit le passage des Bibans, les Portes de Fer, en plein territoire d’Abd El Kader, pour se rendre de Constantine à Alger. Ce fut comme un coup de tonnerre à Tagdempt où se trouvait Abd El Kader. Au lieu de la consternation, l’euphorie envahit les cœurs. « Guerre sainte, guerre sainte ! », cria-t-on dans le camp. Le chef des croyants harangua ses troupes :

« Louanges à Dieu ! L’infidèle s’est chargé lui-même de rompre la paix ! À nous de lui montrer que nous ne redoutons pas la guerre ! »

L’effervescence était à son comble, et tous se préparèrent au combat. Des émissaires partirent sur-le-champ, aux quatre coins du pays, annoncer la bonne nouvelle : la guerre sainte. Abd El Kader fit même porter un courrier au général Vallée lui signalant, « loyalement », la fin de la trêve.

 

C’était l’incrédulité parmi les Européens. Que ce soit à Alger, Constantine, Oran ou Boufarik, personne n’imaginait que le chef arabe aurait l’outrecuidance de croire qu’il pouvait vaincre les Français. On ne tint donc pas compte de ces élucubrations. Les musulmans ne savaient que menacer, n’est-ce-pas! L’offensive eut pourtant lieu le 11 de Ramadan 1255, c’est-à-dire le 18 novembre 1839. Les troupes d’Abd El Kader ravagèrent la plaine de la Mitidja, autour d'Alger, où s’étaient installés des colons français. Il y eut beaucoup de morts parmi les européens. La région entière subit des carnages similaires. L'alarme était rude pour les Français qui ripostèrent avec énergie.

 

La guerre devint totale. Le gouvernement français comprit avec les militaires qu'il n'y avait plus d'autre alternative que de soumettre toute l'Algérie ou de la quitter. Le général Bugeaud devint gouverneur général de l'Algérie le 22 février 1841 avec les pleins pouvoirs et une armée de 100.000 hommes. Confronté à ce qu'il appelait une « Vendée musulmane », il appliqua la même tactique que les Républicains dans l'ouest de la France une génération plus tôt : la terre brûlée ! Il renonça à poursuivre Abd el-Kader mais affama méthodiquement ses troupes en détruisant les villages insoumis, en brûlant les récoltes, les silos et les greniers et en regroupant femmes et enfants.

 

Une partie de la population algérienne, éprouvée par la répression mais aussi par la sécheresse et le choléra, renonça à la résistance. L'émir Abd el-Kader tint bon face aux épreuves. Il réprima les séditions et massacra comme il convient les tribus qui le lâchaient. Soucieux d'éviter un combat frontal avec les Français, il harcela ceux-ci et les surprit en misant sur la mobilité. Parcourant le pays à marches forcées, il n'était jamais là où on le croyait. Pour le ravitaillement de ses hommes et de ses chevaux, l'émir s'assurait partout des réserves, des silos et des greniers bien remplis.

Mais dès l'automne 1841, les principales villes du pays passèrent aux mains des Français, y compris Tagdempt, la capitale de l'émir. Bugeaud occupa aussi la frontière du Maroc afin de couper Abd el-Kader de ses bases arrière. L'émir se déplaçait avec ses soldats, de nombreux collaborateurs, des artisans, des serviteurs indispensables à l'exercice de son autorité et aussi avec les familles des uns et des autres. Tout ce beau monde constituait la « smala », un immense camp de toile itinérant, qui s'étirait sur plusieurs kilomètres.

Le 16 mai 1843, profitant de ce qu'Abd el-Kader patrouillait à quelque distance avec ses hommes, le duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe, surgit au cœur de la smala désarmée et s'en empara. Le butin était énorme, incluant les manuscrits de l'émir. La mère et la femme de ce dernier manquèrent d'être elles-mêmes capturées. Ce coup d'éclat, bien que sans valeur stratégique, eut un énorme retentissement en France. Harcelé, l'émir se réfugiaau Maroc avec son dernier carré de fidèles mais le sultan marocain fut bientôt contraint par les Français de lui retirer son soutien. Abd el-Kader, épuisé et isolé, se rendit le 23 décembre 1847 aux généraux de Lamoricière et Cavaignac.

 

(40) - 1837 : LES PREMIERS COLONS

                                S’INSTALLENT

 

                                           Par                  

                                 Didier NEBOT

 

Malgré cette grande insécurité quelques français avaient osé s’installer en Algérie sur les terres contrôlées par l’Emir. Ils avaient tous l’accord d’Abd El Kader. En particulier, à Miliana, non loin de Cherchel, un Français, Cazes, implanta une fonderie qui servait à fournir les troupes arabes. Cette première alliance avec un français, saugrenue pour beaucoup d’européens, avait pour but de donner une ébauche d’économie à la zone contrôlée par Abd El Kader. « Notre pays, dit l’Emir, a besoin de ce genre d’initiative pour se développer, après l’occupation néfaste et stérile de ces chiens de Turcs. »

 

Mais ça marchait mal, malgré le soutien d’Abd El Kader, les indigènes regarderaient le français avec méfiance et hostilité. Pour la plupart, il était le premier civil européen qu’ils côtoyaient. Non, l’homme n’arriverait jamais à ses fins. Ses idées étaient bonnes, sa volonté de construire respectable, mais comment appliquer ici des conditions de travail valables en France, d’autant qu’il considérait les Arabes comme des indigènes stupides et inférieurs. Tout était là pour qu’il jour (150 ans plus tard) le pays s’embrase. Le passé, les coutumes, la religion, les mœurs de la région avaient très peu de points communs avec ceux du monde occidental, on avançait de façon bancale mais on ne se l’avouerait jamais. Le travail avançait au ralenti. La France, où chacun travaillait sans sourciller, où l’on suivait les ordres d’un patron sans se révolter, où, été comme hiver, les machines tournaient pour le bien du pays, cette France ne pourrait pas fonctionner ici comme là-bas, il fallait tenir compte de l’esprit languissant du Maghreb, ce qu’avait beaucoup de mal à accepter Cazes et les premiers colons qui arrivèrent derrière lui.

 

A une bonne journée de marche se trouvait la ville de Boufarik, sous autorité française, célèbre pour son marché, le plus grand du pays. Les perroquets multicolores côtoyaient les ânes, dont ils imitaient le braiment ; les épices venues du fond de l’Afrique ou du bout de l’Asie mêlaient leurs odeurs au cumin et au thym ; les dromadaires, à l’allure digne, chassaient d’un coup de sabot un poulet égaré ; des danseuses faisaient tinter leurs clochettes, les tambourins claquaient ; les menuisiers et les bijoutiers relançaient les passants ; chez les cafetiers, les discussions étaient animées. Les produits français, insolites parfois, se glissaient au milieu des légumes africains.

Ici, le promeneur s’arrêtait pour admirer une danse du sabre, et la cohue était inimaginable. Certains parlaient, d’autres jouaient aux dés, d’autres encore buvaient le café maure. Sur la Grand place, sous d’immenses platanes à l’ombre vénérable, les hommes devisaient assis à même le sol.

 

On y rencontrait les premiers colons installés dans les terres, qui avaient su négocier leur présence auprès de la tribu des Béni Khelil, dont Boufarik était le fief. On y buvait le thé dans de la porcelaine fine. Spectacle étrange pour ces indigènes de voir ces rares femmes européennes, pâles sous la poudre de riz et serrées dans des corsets roides, virevolter dans leurs dentelles, l’ombrelle à la main.

 

Ce petit monde vivait l’aventure libre des premiers colons, entre création, peur et vie rudimentaire. Une solide organisation permettait leur survie, ainsi qu’un esprit suffisamment ouvert pour aller à la rencontre des chefs de tribus, et respecter les hiérarchies traditionnelles de l’endroit. Parfois, ils se rendaient au camp militaire voisin ou à Alger, pour respirer l’air de la sécurité et se ressourcer quelque peu.

 

Car, sous des apparences joyeuses, la vie n’était pas si facile. La population restait hostile, et ce n’était pas les quelques juifs, miséreux et soumis, qui pesaient lourd dans la balance. Les décisions du gouvernement français manquaient de netteté, et la confiance dans les Arabes était souvent remise en cause. Il fallait être très solidaire pour continuer de croire à l’avenir.

 

Belles étaient les quelques rares propriétés de ces premiers colons, perdues dans la nature, entourées d’oiseaux et d’oliviers sauvages. Pourtant les maîtresses de maison européennes ressentaient une certaine jubilation mêlée de crainte lorsqu’elles se rendaient, escortée, au marché de Boufarik, avec cette peur que leur inspirait tous ces indigènes s’invectivant et tourbillonnant comme des mouches autour d’elle.

 

Ange Tissier, Portrait en buste de Ben Mahi ed-Din Abd-el-Kader, émir algérien, 1852. Tableau exécuté au château d'Amboise vers 1852

(

 

           Par

  Didier NEBOT

 

 

 

 

 

Les juifs d’Alger et d’Oran n’étaient plus tourmentés, à plusieurs reprises, certains d’entre eux avaient été sauvés d’une mort certaine par les soldats français, dorénavant on les laissait tranquilles. Il en allait tout autrement à l’intérieur des terres. La rumeur courait que les arabes allait se doter d’un nouveau chef qui décrèterait la guerre sainte contre les infidèles. Ils devaient se réunir dans la plaine de Ghriss, aux portes de Mascara pour ce faire.

On parlait beaucoup de cet Abdelkader qui deviendrait leur guide. On le disait invincible. Il s’était illustré lors de la bataille d’Oran du premier mai dernier. Les arabes avaient appris que la garnison française était peu nombreuse ce jour là. L’occasion était trop belle pour prendre la ville, ils se lancèrent donc dans la bataille et attaquèrent trois jours durant les murs de la cité.

Malgré leur perte énorme ils renouvelèrent leurs attaques de façon incessante. Guidés par l’intrépide jeune Abdelkader, ils se ruaient contre les murailles de la ville en tombant les uns derrière les autres. Ils tentèrent le troisième jour un dernier assaut, en vain. Il fallait stopper le massacre, ils avaient perdu trop de monde. C’est alors qu’on apprit que le neveu d’Abdelkader venait d’être abattu à quelques pas de la garnison. Personne n’osait aller le chercher. Abdelkader sans rien dire se dirigea vers l’endroit où gisaient des monceaux de cadavres, descendit de son cheval, prit avec lui le corps de son neveu, remonta en selle et rejoignit ses lignes.

Ses vêtements étaient criblés de balles, son cheval était blessé, mais lui était sain et sauf. Il entra dans la légende, il était invulnérable, comme son père.

Ce fait d’arme allait être déterminant pour cette journée du 22 novembre 1832. Ils étaient plusieurs centaines dansla plaine de Ghriss. Les savants, docteurs de la loi, chouyouks et ulémas des différentes tribus de la région, tous étaient là. Les discussions étaient véhémentes. On évoquait la situation catastrophique du pays depuis que les étrangers avaient osé prendre pied dans la région. Le désordre, le chaos étaient tels qu’il fallait absolument trouver un chef qui puisse les unir et les guider jusqu’à la victoire. Le choix s’était porté d’abord sur Cheikh Mohieddine, mais il avait décliné l’offre au profit de son fils qui s’était illustré de magistrale façon lors de la douloureuse bataille d’Oran

« Mon fils Abdelkader, dit-il, est un jeune homme pieux, intelligent, capable de régler les litiges et un cavalier émérite bien qu'ayant grandi dans le culte et la dévotion à son Seigneur.  Ne pensez surtout pas que je vous le propose pour me remplacer car étant une partie de moi-même, je ne peux souhaiter pour lui ce que je rejette pour moi-même. Mais j’ai choisi le moindre mal lorsque j'ai réalisé à quel point vous aviez raison, tout en étant convaincu qu’il sera plus indiqué que moi pour accomplir ce que vous m'aviez demandé …je vous fais donc don de lui….. »

 

Ce discours fut salué par des cris d’enthousiasme et de vives acclamations. Les arabes avaient enfin un chef. Les représentants des tribus le déclarèrent sultan, mais Abdelkader refusa, se contentant du  titre plus simple d’émir.

 

 

Par Didier NEBOT

Louis Auguste Victor de Ghaisne Comte de Bourmont

Le général de Bourmont, le chef du corps expéditionnaire, se rendit vite compte que, pour les Français, après une victoire militaire aisée en 1830, tout allait devenir beaucoup plus difficile. Que faire de ce pays ? Les Arabes, s’ils se réjouissaient d’être débarrassés des Turcs, ne faisaient pas confiance aux vainqueurs.

Trois ports, Alger, Oran, Bône, étaient pris, mais le reste du pays formait un territoire hostile, sauvage et inconnu. Pas question de négocier avec l’ancienne administration turque.
Comment s’octroyer les bonnes grâces des indigènes et discuter avec des interlocuteurs patentés ?

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