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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Quelques lignes sur la vie paisible d'une famille juive d'Alger dans les années 30

Les "bourriquots" du Square Bresson d’Alger

 

C’était avant la guerre, la vraie, celle de 39-45 contre les nazis et leurs alliés. J’avais alors 8 ans et mon frère James 7. Nous avons la chance, mon frère et moi ainsi que nos parents d’en avoir été préservés.

Lorsque notre mère nous emmenait faire un tour rue d’Isly ou rue Michelet nous revenions toujours à pieds. En descendant la rue Dumont d’Urville qui prolongeait la rue d’Isly vers le square Bresson, plus tard appelé Aristide Briand, et la rue Bab-Azoun, nous commencions, mon frère et moi, à supplier : « Maman, maman, on pourrait faire un tour à bourriquot ». Nous insistions tellement que, pour arrêter nos lamentations, elle finissait toujours par accepter.  

 

Moi, j’enfourchais un âne comme un cavalier, mais mon frère, lui, préférait embarquer dans la petite jardinière à roues caoutchoutées, sur le banc de bois verni qui faisait office de siège.   

 

Après un tour, deux tours on ne voulait plus s’arrêter. Il fallait alors que Maman Céline nous dise : "Bon ! Si c’est comme ça on ne pourra pas aller voir Mémé et Tata Lucette avec Serge et Gérard" pour nous décider à mettre pied à terre, jeter un regard sur la terrasse de la brasserie du "Tantonville".

 

On continuait alors notre promenade par la rue Bab Azoun vers la Place du Gouvernement, la Place du Cheval, pour faire plus court, à cause de la statue équestre du Duc d’Orléans. Celui-ci contemplait fièrement la cathédrale d’Alger, tournant le dos à la mosquée "Djemââ Djedid" toute blanche.                                                                                                                                                                                                                          

Après la montée par la rue Vialar vers la place du Cardinal Lavigerie nous empruntons la rue de Chartre jusqu’à la hauteur de la rue Sainte où habitait Mémé Benzacken.

Au rez de chaussée de l’immeuble se tiennent les établissements Vernay qui fabriquent et réparent toutes sorte d’armes de chasse. L’atelier est installé au premier étage, juste au dessus de la boutique. Au deuxième c’est l’appartement de Mémé Benzacken. Notre grand-mère vit là avec sa fille Lucette et son mari William Bedjaï avec leurs enfants dont notre cousin Serge qui a, à peu près, notre âge. Face à cet appartement c’est la réserve du brocanteur "El Hadj". Je l’ai toujours connu sous ce nom qui lui a été décerné après son pèlerinage à La Mecque, "Le Hedjaz".

Face à Vernay c’est la charcuterie Chevallier. Elle est à l’angle de la rue Sainte et de la rue de Chartre, de l’autre coté c’est l’enfilade des boucheries arabes. Dans la rue les vendeurs de fruits et légumes interpellent le chaland : « Khamsa o achren le kilo» devant un assemblage de cageots à même le sol. On ne se rendait alors pas compte de ce joyeux mélange des genres et tonalités.

Il est alors quatre heures et demi ou cinq heures ! Nous avons droit au café au lait servi avec des brioches ou, plus souvent, avec les gâteaux blancs, mekrods, klèdnettes, khêmchettes et autres friandises confectionnées avec patience et amour par Mémé et ses filles Olga, Lucette et Celeste notre mère, à l’occasion des fêtes de Pourim.  

Le goûter pris, on descend alors la rue Sainte avec Serge jusqu’au Bazar Universel pour aller admirer la merveilleuse vitrine de jouets préparée en vue des fêtes de fin d’année. Après en avoir pris plein les yeux pendant une bonne quinzaine de minutes et se souhaiter recevoir les jouets exposés avec art et stratégie, cadeaux rêvés et convoités, on remonte par la même rue Sainte pour attendre Papa.

Il est bientôt 6 heures et demi et il va sortir du bureau de l’étude de Maître Mayer, notaire, où il est clerc principal. Il vient nous rejoindre pour rentrer tous ensemble à la maison.

 

L’étude notariale de Maître Mayer est située au 9 de la rue Jules Ferry. C’est une rue parallèle à la rue Bab Azoun, on y entend le tramway qui roule le long des arcades à grands coups de cloche d’avertisseurs pour prévenir de son passage les passants distraits qui en déboucheraient de façon intempestive.

 

Papa, après avoir rapidement salué toute la compagnie, nous emmène par la rue Sainte vers la place du Gouvernement.

On passe devant le marchand de beignets arabes mais on ne s’y arrête pas. En face la pâtisserie Fille est également édaignée.

On n’a plus le temps ! Devant le Bazar Universel la calèche de Khamia, le maltais, est au stationnement, attendant le client. On s’y cale avec délice. Il fait beau, la température est douce, la capote de la calèche est rabattue. C’est la fin de la journée. Le cocher claque de la langue pour encourager les chevaux.

La promenade commence par la rue Bab El Oued. On passe devant les vitrines du Petit Duc où Maman avait travaillé comme vendeuse en parfumerie. On continue par la place pavée de jaune du lycée Bugeaud. On salue la caserne Pélissier devant laquelle un tirailleur sénégalais, avec ses balafres sur les joues pour que la barbe ne pousse pas, monte la garde. Il a fière allure en sentinelle, conscient de la gravité de son rôle. On enfile la rue Eugène Robe, le square Nelson, le cinéma "Le Majestic" pour arriver chez nous, au 29 de la rue Borély La Sapie.

Mon frère et moi dormons debout et il faudrait presque nous porter pour aller au lit. La journée a été bien dure et bien difficile. Nous allons bien dormir ! 

Sidney D. Aiche

Mardi 18 Juillet 2012.

Commentaires 

1. Médioni Georges, jeudi 19 décembre 2013

Saint-Avé, Morbihan (Bretagne)

Merci à Sydney. D. Aiche pour ses souvenirs. Il  nous parle du square Bresson maintenant square de Port Saïd, mon père m’a raconté qu’étant enfant il était interdit aux musulmans. Outre les bourricots, il y avait un marchand d’oublies qui se tenait entre les deux kioskes à journaux face au Tantonville. Les petits yaouleds sollicitaient le passant avec leur caisse à cirer sur le dos, certains le matin étaient munis de couffins et se proposaient pour porter les courses, le square étant tout près du marché de la Lyre et de Chartres.

J’habitais rue Ledru Rolin face à la banque d’Algérie et de l’Opéra. J’allais à l’école primaire du Bd Gambetta et en sortant à onze heures je e m’amusais avec mes copains à descendre en courant les grands escaliers en pierre très glissant. J’avais comme voisine une charmante dame : La comtesse Colonna d’Ornano, dont le mari était colonel dans l’armée Leclerc, mort en héros à Koufra en Lybie. La rue de Constantine a ensuite portée son nom. Cette rue s’appelle maintenant rue du colonel Abane Ramdane. Un ami algérois m’a envoyé récemment des photos de cette rue qui est celle des changeurs de devises, surveillés en permanence par un camion de C.R.S. algériens. Jusqu’à l’indépendance, l’armurier Pierre Vernay tenait boutique au 8 rue de Chartres à l’angle de la rue Sainte, son N° de téléphone était le 620673. La Famille de mon père les Médioni associés à leurs cousins Safar, étaient propriétaires de l’immeuble 2 rue sainte qui donnait sur la rue de Chartres.

Le premier étage mis à la disposition du consistoire était une synagogue dont l’administrateur était mon oncle William Médioni, le ministre officiant Marcel Achouche. Sous l’immeuble côté rue de Chartes sous les arcades au numéro 6 il y avait la "Boucherie de Familles". Je me souviens de cet infâme billot en bois où le boucher faisait sa découpe.

A côté un commerce de tissus, entre les deux la charcuterie Taîeb et le fameux marchand de beignets tunisiens un homme charmant. Souvent en sortant du Lycée Bugeaud, je passais le voir et il me faisait d’énormes beignets tout chauds hum !!!!! Que c’était bon. La photo de la rue Bab el oued me fait défiler d’agréables souvenirs, sous les arcades face à la rue de la casbah habitait mon arrière-grand-mère Laskar née Chibouna Azoulay.

Une fois par mois avec maman nous lui rendions visite j’étais tout petit mais je me souviens de cette vieille dame née en 1796 qui vivait chez sa fille, le rituel était immuable on nous servait du café au lait et pour moi de la limonade avec des « roliettes » galettes parfumées au citron et en forme de couronnes. Sous cet immeuble il y avait un boulanger espagnol qui faisait une calentita extraordinaire elle était vendue à l’extérieur sur une plaque de tôle et découpée avec un couteau de peintre. Sur la photo en montant à gauche de la rue de la casbah il y avait une boutique, non plutôt un réduit avec une grillerie de cacahuètes, lorsque j’allais chercher mon père à son magasin 24 rue de la Lyre vers les six heures parfois nous y allions acheter un gros cornet, au retour par la rue, bab el oued arrêt obligatoire à l’angle de la Régence où se tenait un marchand d’allumettes aux anchois gardées au chaud dans une vitrine en verre. 

2. Nassim Bouchali. Lundi 13 Mai 2013

Bonjour a tous, merci beaucoup pour cet aperçu d’Alger au temps de gloire!

Je suis à la recherche (avec beaucoup d'espérance) d'amis de mon père, Merzak Bouchali, né impasse du Lion à la Casbah d'Alger en 1932. Il allait à l'école de la rue de la Révolution. J'espère bien pouvoir retrouver quelqu'un qui pourrais m'aider car ce serait le plus belle des surprises. Il est très nostalgique de son grand amour, son Alger d'enfance.... Quelque noms de certains amis: Ivan Ellul (fils de pompier), Norbert Aiello, Bebere Curien, Meyer. Merci.  

3. Gozlan Lucien. Dimanche. 04 Novembre 2012

Paule, bonjour, c’est en allant vers la caserne Pellissier et le lycee Bugeaud sur le trottoir de gauche. La rue qui se trouve sur la gauche apres la petite place ou il y avait l eglise c est la rue de la casbah avec en bifurcation dans la rue e la casbah la rue Lalaloume.

4. Sidney Aiche.  Dimanche 04 Novembre 2012

La portion de la rue Bab-El-Oued qui est sur la photo, pour répondre à Paule Atlan, est celle où démarre la rue de la Casbah. Sur la petite place il y avait une fontaine dans les pratiquants musulmans se lavaient les pieds avant d'entrer à la mosquée.
Sous l'arcade en face, d'où semble être prise la photo, se tenaient les magasins de chaussures Dressoir, et, un peu plus avant les galeries "Au Petit Duc". 

5. Paule Atlan Dimanche 04 Novembre 2012

Beau souvenir, pour moi qui habitais rue Bab-Azoun. Mes parents ont eu leur magasin rue de Chartres, puis Place de Chartres. Je traversais le square Bresson tous les jours pour aller à l'école rue de la Liberté. Mon grand-père Jean Taïb, qui habitait rue Bab el Oued, était coiffeur rue de Chartres, je connais ce quartier de la rue Sainte comme ma poche, aujourd'hui encore...Mais quelle portion de la rue Bab el Oued est sur la photo ? 

6. Darmon Simon. Vendredi 02 Novembre 2012

Merci pour ce témoignage-souvenir ; personnellement, j'en suis très friand, comme tous ceux qui me connaissent le savent. Je souhaite que beaucoup comme Sidney Aïche en fassent de-même.
Simon Darmon, auteur de "Contes et récits des Juifs d'Algérie" (entre autres). 

 

Commentaires   

0 # Ihadjadene 03-02-2016 11:32
Bonjour,
Si vous avez des photos da la rue sainte car c'est là bas que je suis né au numéro 2
Je suis tres nostalgique à cette epoque
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