logo_transparent1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Le 13 janvier 1898, Emile Zola qui voulait protester contre la condamnation du capitaine Dreyfus, victime de l'antisémitisme, publie dans le journal l’Aurore, son appel "J'Accuse" sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République Française, Félix Faure.

 

Si les intellectuels antidreyfusards, comme surpris par l'acte révolutionnaire de Zola et l'action concertée qu'il entraîna, tardent à répliquer, en revanche, l'agitation antisémite trouve dans la publication de cet article l'aliment d'un brutal renouveau. 

En Algérie se répand une véritable crise d'hystérie anti-juive

L'antisémitisme y avait beaucoup grandi depuis quelques années. Le décret Crémieux (du nom d’Adolphe Crémieux) du 24 octobre 1870, déclare citoyens français les Israélites indigènes de l'Algérie. Il avait été très mal supporté par la plupart des non-Juifs. 

Le 20 janvier 1898, ce sont des émeutes sanglantes qui éclatent, dans presque toutes les villes d'Algérie. Les magasins des Juifs sont pillés, des synagogues saccagées "au milieu des hurlements d'une foule en délire".

Le 22 janvier, suite à la mort d’un émeutier, plusieurs Juifs sont lapidés, l'un d'eux massacré à coups de matraque. Plus de six-centspersonnes sont arrêtées, plus de cent grièvement blessées.

Ce n'est que la première vague d'émeutes qui se prolongeront plusieurs années

Les antijuifs qui demandent sans désemparer à retirer la citoyenneté acquise par le décret Crémieux, se réunissent autour de Max Régis, qui en mai 1898 sera élu maire d’Alger. Celui-ci avait déclaré le 20 février 1898 à Paris : "On arrosera de  sang  juif l'arbre de la liberté".

La totalité des 36 conseillers municipaux d’Alger élus sont antijuifs, Max Régis, leur leader, déclare : "Maintenant, il faut qu’ils crèvent tous". Chaque réunion commence et se termine par "A bas les juifs".

Max Régis demande à Edouard Drumont de se présenter dans cette ville aux élections législatives : élu député d'Alger en mai, l'écrivain fonde en 1892 le quotidien antisémite "La Libre Parole", antidreyfusard, nationaliste et antisémite. Il est également le créateur de la Ligue nationale antiémite de France.

Souviens-toi : Juivade chrétienne à ALGER (22 janvier 1898… 22 janvier 2017

 

Extrait de "Mémoire d’un Dhimmi" de Didier NEBOT:

 

Le samedi suivant, 22 janvier 1898, Gabriel se rendit à la synagogue. Il entendit quelques murmures réprobateurs, sur son passage : celui qui ouvrait son magasin le jour du sabbat ne faisait pas l’unanimité. Mais il voulait parler avec les siens de la situation insurrectionnelle du pays et des multiples vexations que, depuis quelques jours, sa communauté supportait. Les extrémistes, menés par Max Régis, étaient irrités par les rebondissements suscités par l’affaire Dreyfus en métropole. Ils parlaient de sécession et d’expulsion des juifs. Devait-on prêter crédit à de telles rumeurs ? Tout le monde était tendu.

Après l’espoir de l’émancipation et de la liberté retrouvée, allait-on revenir au règne de l’humiliation et de l’exil ? Gabriel pensa à la judéria de Tolède, entièrement détruite par les fanatiques chrétiens, il y avait cinq cents ans. La même horreur pouvait-elle se reproduire ici ? Les rabbins exhortèrent les fidèles à faire preuve de patience, à se montrer discrets, à ne pas traîner dans les rues et à attendre que les esprits se calment.

En quittant le temple, Gabriel se rendit au magasin. Conscient de l’absurdité de son geste, mais mû par un profond désir d’affirmation, il ouvrit grandes les portes. Il était seul, droit sur le seuil, les mains sur les hanches, fier, le front haut. Il pensa à nouveau à Léa qu’il venait de rencontrer ... Tout à ses réflexions Il entendit un grondement sourd, comme une vague déferlant irrésistiblement. Le bruit s’amplifia, plantant des banderilles d’angoisse dans son ventre. Puis les phrases scandées devinrent audibles :

« À bas les juifs ! Abrogeons le décret ! Dreyfus traître ! »

Une meute de chrétiens armés envahit les rues et fit la chasse à cette engeance qui avait l’outrecuidance de vouloir sortir de l’obscurantisme. Gabriel vit accourir quelques coreligionnaires affolés. Il les poussa dans sa boutique et referma vivement les portes. Les bruits de pas se firent plus pressants, les assaillants arrivaient, frappant de leurs bâtons les vitrines des commerces imprudemment exposées, brisant avec fracas tout ce qui pouvait l’être. Ce n’étaient que cris de haine.

Calfeutré dans son local, Gabriel était calme. Autour de lui, les quelques malheureux qu’il avait sauvés priaient, paniqués. Personne ne parlait. Une éternité sembla s’écouler... Puis les vociférations diminuèrent d’intensité pour n’être plus qu’un bruissement lointain. La troupe était passée et, ô miracle, sans causer le moindre dégât dans le magasin. Les hommes se détendirent, certains se mirent même à rire nerveusement. « C’est fini », dit Gabriel, soulagé, tout en rouvrant la boutique. Il proposa à ses compagnons d’infortune, encore sous le choc, d’attendre que tout danger soit complètement écarté avant de repartir.

L’attention de Gabriel fut alors attirée par des pleurs et des cris qui provenaient de la rue d’en haut. Là, il aperçut cinq garçons d’une quinzaine d’années qui s’acharnaient sur une jeune fille, déchirant ses vêtements, et qui martyrisaient également un vieil homme à terre. Ils s’en prenaient aussi à deux jeunes gens, des jumeaux venus à la rescousse. Fou de rage, serrant les dents, Gabriel se jeta dans la bagarre avec une force qu’il ne se connaissait pas. Il maîtrisa deux des garnements et fit si peur aux autres qu’ils détalèrent. Aucun regret, aucune excuse dans le regard des deux voyous, seulement la déception que leur causait la fin du jeu, et un dégoût infini pour le contact de la main d’un juif sur leur cou. De toute sa force, de toute sa haine pour la bêtise qui rend les gens mauvais, Gabriel leur assena une paire de gifles retentissantes et les lâcha. Les deux vauriens s’enfuirent sans demander leur reste.

La jeune fille, secouée de sanglots, était penchée sur le vieil homme et lui essuyait le front. Gabriel aida celui-ci à se relever ; la peur lui avait fait plus de mal que les coups. Éperdu de reconnaissance, le vieillard fixa sans un mot son sauveur qui lui désigna son magasin en le priant d’entrer :

« Je vous rejoins, je crois qu’il y a d’autres blessés plus loin. »

Effectivement, à quelques mètres de là, une personne gisait, morte. Elle avait dû être frappée au visage, bousculée et piétinée. Il lui ferma les yeux au moment où les militaires pénétraient dans le quartier pour rétablir l’ordre. Mais il était trop tard, la « juivade » avait eu lieu, le spectacle était terminé. Sans doute, ailleurs, y avait-il d’autres victimes, et tout cela parce que l’honneur de la France, semblait-il, avait été bafoué par Dreyfus, ce maudit capitaine juif ! La haine assassine se contentait d’un maigre prétexte pour se déchaîner, et l’expérience des siècles n’avait rien amélioré : Judéria de Tolède ou quartier juif d’Alger !

Gabriel rentra au magasin, la mine défaite, en déclarant :

"Nous ne risquons plus rien, les soldats sont arrivés. Mais il y a pas mal de dégâts, de blessés et de morts aussi."

Gabriel eut une mimique gênée. Il jeta un coup d’œil dans la rue entièrement quadrillée par

les militaires. Tout danger était définitivement écarté et le petit groupe qui avait trouvé refuge chez lui osa mettre le nez dehors.

Extrait de « Mémoire d’un Dhimmi » de Didier NEBOT

Pour en savoir plus

http://www.crif.org/fr/alireavoiraecouter/m%C3%A9moire-dun-dhimmi-cinq-si%C3%A8cles-dhistoire-juive-en-alg%C3%A9rie-par-didier-nebot/33510

Alger 1898. La grande vague antijuive de Pierre Hebey Nil éditions, Paris

https://socio13.wordpress.com/2009/03/31/alger-1898-la-grande-vague-antijuive-par-pierre-hebey/

 
 

MORIAL - Association loi de 1901 - Le nom MORIAL est déposé à l'INPI © 2011 Tous droits réservés
Site réalisé Avec joomla Conception graphique et développement : Eric WEINSTEIN