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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Jacques Zermati fait partie de l'équipe fondatrice d'Alerte aux Réalités Internationales (ARI).

Elle se retrouve en grande partie dans le Club Réalités Internationales de notre association.

Jacques Zermati nous a confié quelques-unes des pages de son "Histoire" qu'il a écrite à l'intention de sa famille et de ses amis les plus proches. Il a commencé sa vie d'homme par une action d'éclat proprement incroyable : la "prise" de la préfecture d'Alger dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, ce qui a permis aux Américains de débarquer sans encombre sur la terre algérienne et d’amorcer le processus qui allait conduire à la libération de notre pays.

La scène se passe le 6 novembre 1942 à Alger. L’étudiant en droit, Jacques Zermati, est invité à se présenter chez le Docteur Aboulker...

Dix-sept heures, je monte l'escalier du 26 de la rue Michelet, sonne à la porte du professeur Aboulker. On m'introduit dans une pièce où il y a déjà beaucoup de monde. De ci de là, un visage familier émerge dans le brouillard de la fumée des cigarettes. Un Colonel très distingué, aux cheveux blancs, se trouve près de la fenêtre. Il prend la parole, se présente. C'est le Colonel Jousse, major de la place d'Alger. Je suis très surpris de le voir là. Il fait le point, ce n'est pas très réjouissant.

 

«Six cents hommes ont répondu à l'appel au lieu des huit cents sur lesquels nous comptions.»

Il ne sait pas, à ce moment, que nous ne serons que deux cent cinquante à trois cents ce soir .....

Pas de mitraillettes ! Nous ne disposerons que de fusils Lebel datant de la dernière guerre et de cinq cartouches par arme. Six cars au lieu des soixante-dix initialement prévus assureront le transport des volontaires. Il faudra marcher :

Il donne ensuite le mot de passe “Whisky-soda“ et précise le déroulement de l'opération qui commencera à vingt-deux heures trente au garage Lavaysse. Ceux des responsables, chargés d'un point sensible à neutraliser, prendront possession d'un véhicule léger pour les liaisons et le transport des armes qui seront distribuées à ce moment-là..

Il énumère une dernière fois les objectifs et les moyens mis à notre disposition, distribue les ordres de mission ironiquement authentiques qui nous accréditent. Ils portent en effet le cachet de l'état major et sont signés par son chef, le Général Mast. Ils contribueront à semer la pagaille d'autant plus que nous serons en uniforme. Enfin, il montre les brassards que nous devrons porter au bras droit.. Ils sont blancs, avec, en noir, les deux lettres V.P. En clair : Volontaires de Place. Ce sont des civils, en principe triés sur le volet par l'armée, qui ont pour mission de l'aider à accomplir des opérations de maintien de l'ordre en cas de troubles. D'une façon très drôle, c'est nous qui jouerons ce soir les volontaires de place.

Un peu plus tard, nous grimpons l'escalier conduisant au premier appartement où je suis attendu. Je frappe, quelqu'un ouvre et sans poser de question nous conduit dans une pièce où se trouvent sept ou huit jeunes gens.

- Je m'appelle Zermati, je suis votre chef. André, qui m'accompagne, est mon adjoint. Vous avez demandé à faire quelque chose: le jour est arrivé. Les Américains vont débarquer cette nuit, nous allons les aider. Vous êtes libres de venir avec moi ou de ne pas le faire. Vous avez cinq minutes pour prendre votre décision. Je ne vous en voudrai pas si vous dites non mais, dans ce cas. il faudra que vous restiez ici jusqu'à deux heures du matin ou mieux, toute la nuit. Vous me donnerez votre parole d'honneur que vous le ferez.

Nous repartons immédiatement pour aller voir les deux autres groupes dans les deux appartements où ils sont réunis et qui, heureusement, ne sont pas très loin du notre. Pas de problèmes, il n'y a pas une seule défection. Je disposerai donc de vingt-cinq hommes. Le temps passe très vite, plus une minute à perdre pour aller rue Michelet où nous attend Sadia vers vingt-deux heures trente devant le garage Lavaysse.

C'est mon tour, on me donne une voiture légère que Sadia conduira et vingt-cinq Lebels avec leurs cartouches. Ils sont encore tout enduits de graisse; comment tirer avec des armes dans cet état ? En ce qui me concerne, j'ai un revolver à barillet mais... sans cartouche! A part l'effet d'intimidation, il ne pourra servir à grand chose.

Nous sommes partis, roulant à vitesse réduite dans les rues désertes d'Alger et arrivons bientôt au point de rendez-vous, rue Ducos de la Hitte. C'est une petite rue déserte qui longe la Préfecture. Le regroupement s'y effectuera en toute quiétude. Il n'y passe jamais personne.

Silencieux, immobiles dans cette voiture, inquiets, nous attendons. Que va-t-il se passer ?

Ouf ! Les hommes commencent à arriver par petits groupes comme je l'avais demandé.

Whisky ..... Soda...

Tout est en ordre, un pointage rapide, tout le monde est là. La distribution des armes peut commencer. Nos mains sont pleines de graisse, je vois ou plutôt je perçois le même sentiment d'inquiétude que j'ai déjà éprouvé. Il n'est guère possible d'utiliser ces fusils. On essaye de les essuyer tant bien que mal avec des chiffons trouvés dans la voiture mais sans grand succès. Ce n'est pas le moment d'avoir des états d'âme. Il faut faire comme si tout allait bien.
Une heure trente. Après avoir distribué les brassards VP qui vont nous donner l’apparence d'authenticité indispensable au succès de notre action, je demande aux trois chefs de section de détacher chacun quelques hommes pour surveiller les sorties de la Préfecture : boulevard Carnot, sur la façade du côté de l'Aletti et rue du Maréchal Soult. Tous ces hommes devront interdire par tous moyens d’éventuelles tentatives de s’échapper de la préfecture pendant le coup de filet que nous allons lancer.

Je me dirige avec le reste de la troupe vers la porte de la rue de Constantine. Selon nos informations dont nous disposons, la préfecture est gardée par un détachement de supplétifs algériens dont nous devons, en principe, assurer la relève. C'est tout au moins l'histoire que je raconterai à leur chef. Avec comme preuve à l’appui mon ordre de mission. La porte est fermée. On sonne, on frappe ... pas de réponse. On frappe encore plus fort ... toujours pas de réponse. Tout a été prévu sauf cela. Que faire ?

Deux agents de police qui font probablement une ronde ont entendu le tapage et s’approchent de nous. Pas question de prendre le moindre risque. Nous les entourons de façon à pouvoir, si nécessaire, les neutraliser. En fait, mon uniforme, l’ordre de mission et les brassards V.P. ont leur effet.

Ils nous proposent tout bonnement leur assistance ! Ce sont eux maintenant qui frappent à la porte. Des pas résonnent, une clef tourne dans la serrure, la porte s'ouvre. C'est un homme tout ensommeillé qui demande ce que nous voulons. Les agents s'en vont, nous entrons, je ferme la porte derrière moi mais je prends le soin de garder la clef. Contrairement à ce que je pensais, il n'y a pas de supplétifs.

Sur ma demande, le concierge nous conduit au standard téléphonique où, curieusement, il n'y a personne. Sadia se chargera de mettre en marche.

Je connais bien la disposition des lieux accessibles au public mais je n’ai aucune idée de l’endroit où logent le Préfet et d’éventuels collaborateurs. Il faut donc que le concierge nous renseigne et nous conduise là où il faut. Profitant d'une minute d'inattention, il essaye de nous fausser compagnie. Pourquoi ? Je n'en sais rien, il a probablement senti que tout cela n'était pas très clair. On le rattrape immédiatement, je lui explique alors que, s'il recommence on le tuera comme un chien. La leçon a porté : il file, doux.

Je grimpe avec lui les escaliers, André et quelques hommes m'accompagnent, Une porte à l'étage, c'est là. Elle n'est pas fermée à clef et s’ouvre. Un couloir, j'allume la lumière, ouvre une porte au hasard : c'est la chambre du Préfet.

Le bruit l'a réveillé. La surprise de voir, dans sa chambre, des hommes armés se lit sur son visage. Il tente de se précipiter sur le poste de téléphone se trouvant sur une table de chevet près de lui, probablement relié au réseau des lignes directes qui permet, en particulier, de joindre le commissariat central. Je l'arrête net en lui demandant de ne pas faire l'idiot, lui donne l'ordre de se lever et de s'habiller immédiatement. Il se lève en chemise de nuit. Quelle drôlerie ... en d’autres circonstances. Sa casquette se trouve sur une table ; j'ai beaucoup de mal à résister au plaisir de la mettre sur ma tête car, après tout, pour le moment, le Préfet ... C'est moi !

- J'espère que vous êtes un gentleman et que vous allez vous tourner quand ma femme se lèvera ?

- Monsieur le Préfet, ce n'est pas la première fois que je vois une femme dans cette tenue. Je me contenterai moralement de fermer les yeux !

La Préfète se lève, passe une robe de chambre. L'honneur est sauf. Elle s'habille ainsi que son mari, rapidement. Je leur demande de me suivre dans le grand salon où nous voulons rassembler nos futurs prisonniers. Je continue, avec le concierge qui est devenu très coopératif, la visite de la préfecture après avoir laissé mes "hôtes" sous bonne garde. J'arrête successivement le chef de cabinet et sa femme puis, le directeur du cabinet. Toutes les portes s'ouvrent sans difficulté. Décidément, la confiance règne ici !

J'allume une lumière, pénètre dans une chambre à coucher, où quelqu'un se réveille assez difficilement, se frotte les yeux, réalise que quelque chose d'étrange lui arrive :

- Tiens, qu'est-ce que tu fais chez moi ?...

C'est un camarade de Sciences-Po, perdu de vue depuis quelques années et que je reconnais maintenant.

- Je suis venu t'arrêter. Habille toi et suis-moi !

- Tu ne voudrais pas une tasse de thé ?

- C'est une bonne idée, tout à l'heure, merci.

C'est évident que ce n'est pas le moment. Il s'habille et nous suit comme les autres, sans difficulté. Tout ce petit monde est maintenant assis bien sagement dans le salon, sans distinction de grade car nous avons également arrêté plusieurs autres collaborateurs subalternes du préfet, logés dans les lieux.
C'est le moment de faire rentrer à l'intérieur de la préfecture tous les hommes laissés dehors pour surveiller les issues. Nous devons aussi informer notre P.C. qui se trouve au commissariat central, du succès de notre opération. Sadia va s'en charger. Après quelques minutes d’un silence un peu pesant, l'atmosphère se détend à vue d'oeil. La préfète a proposé de faire du thé et du café pour tout le monde. C'est une excellente idée. Quelques minutes plus tard, une tasse à la main, la conversation devient générale. On parle de tout, surtout de rien !

Le préfet désire me parler en privé, pourquoi pas ?

- Je ne sais pas, Monsieur, qui vous êtes, qui sont vos chefs, ce que vous voulez mais, dès que l'ordre sera rétabli, je vous ferai fusiller !

- Calmez-vous Monsieur le Préfet! Pour le moment, c'est moi qui vous tiens sous le feu de mon revolver. Demain, on verra.

Cet homme est manifestement très nerveux. Je donne l'ordre de le surveiller de près. A part lui, tout le monde est maintenant détendu. Dieu merci, il ne sait pas que j'ai un revolver sans cartouche !

Le préfet manifeste à nouveau son désir d'en savoir plus sur les raisons de sa "séquestration". Il éprouve le besoin de me dire qui il est:

- Je suis un fidèle partisan du Maréchal ; j'admire le président Laval. Ils font tous les deux la seule politique possible en ce moment. Je suis un ancien combattant de la grande guerre ; je n'aime pas les Allemands. Je me battrai contre eux dès que j'en recevrai l'ordre. Si votre opération échoue, je vous demande de ne pas faire couler le sang.

Que répondre ? Rien, bien entendu. Il vaut mieux écouter et rendre compte de tout cela plus tard au P.C.

Trois heures du matin, les premiers coups de canon retentissent. Le préfet me regarde, étonné. Le moment est venu de lui dire ce qui se passe:

- Monsieur le préfet, vous m'avez demandé à plusieurs reprises pourquoi j'étais là et qui étaient mes chefs. J'ai l'honneur de vous dire que les Américains débarquent !

Cet homme est frappé de stupeur. Visiblement il ignore tout. Je me rends compte, à ce moment, que malgré les Renseignements Généraux et la Surveillance du Territoire, la surprise est totale. Le secret a été bien préservé, c'est incroyable !...

Des coups de canon retentissent plus près. Je demande au Préfet s'il veut m'accompagner sur la terrasse d'où l'on domine toute la rade. Il me suit. Un nuage de fumée artificielle recouvre la passe. Deux destroyers alliés se sont frayés un passage ; l'un d'eux est à quai et débarque des hommes. Ils sont pris sous les projecteurs de l'amirauté et tirent avec tous leurs canons, probablement pour rester à l’abri du nuage de fumée qu’ils produisent. Le spectacle est extraordinaire, il faut cependant redescendre car j'ai d'autres chats à fouetter.

Sadia me demande de le rejoindre en bas. Un homme seul qui prétend être Breuleux, le chef de la légion des combattants en Algérie, s'est présenté il y a quelques minutes. Alerté par le bruit des canons et ignorant manifestement ce qui se passait, il est venu se mettre à la disposition du Préfet.

La prise est intéressante. Cet homme est notre ennemi. Sadia va immédiatement alerter le commissariat central pour annoncer la bonne nouvelle.

Breuleux a vite compris qu'il s'était jeté dans la gueule du loup. Il n'en mène pas large et se demande s’il ne va pas y laisser la vie. Il est pitoyable. C'est tout juste s'il ne se met pas à genoux pour demander pardon.

Décidément, il y a foule à la porte. Cette fois, c'est quelqu'un qui a le mot de passe. Nous ouvrons, l'homme se présente, c'est le colonel Tubert avec des hommes du mouvement Combat qui vient se mettre à ma disposition. Ce n'est pas nécessaire, il vaut donc mieux qu'il regagne le commissariat central où il trouvera un emploi plus utile.

Le Préfet désire encore me parler. Plus question “de me faire exécuter“. Il voudrait seulement être mis en rapport avec les nouvelles "autorités". La question du ravitaillement de la ville d'Alger semble être au centre de ses soucis. Sadia se charge de transmettre ce message au commissariat central. La réponse est immédiate.

- On a pris bonne note mais dis-lui qu'il nous emmerde. On n'a pas besoin de lui.

La nuit s'écoule sans autre incident. On nous apporte régulièrement thé et café. Tout le monde est assis bien sagement dans le salon sous bonne garde.

Le jour se lève mais toujours pas l’ombre d’un Américain. Que se passe-t-il ? Le commissariat central est toujours aussi évasif et rassurant. Ils vont être bientôt là, ils vont arriver ....

Des coups de feux sporadiques claquent, dans le lointain le canon. Je décide de partir avec Sadia au P.C. et passe le commandement à André. La ville est calme, il n'y a pas un chat dans les rues désertes. Au commissariat central règne une agitation fébrile. Le téléphone sonne constamment. Je comprends très rapidement que le réseau de communication secret a dû être "'piraté". Les communications destinées à l'état major de l'armée y aboutissement maintenant. Comme le réseau public a été coupé, les différents chefs de corps ou de grandes unités sont complètement isolés. Ils entendent le canon, demandent désespérément des ordres. Ceux qu’ils reçoivent sont parfaitement fantaisistes et ont pour objet d’expédier leurs troupes dans tous les sens. La pagaille est incroyable, mais c'est bien ce qui est recherché.

Je n'aime pas beaucoup cette histoire d'Américains et les réponses données par le P.C sont trop floues. Je décide donc de repartir vers la préfecture en profitant de l'occasion pour faire un petit tour de voiture dans Alger. Sept heures, la grande poste est encerclée par des automitrailleuses qui nous tirent dessus. Les balles sifflent. Sadia appuie sur l'accélérateur. Nous n'avons pas été touchés.

Dix heures, toujours pas d’Américains. Par contre, on vient de m'informer que la préfecture est cernée par les gardes mobiles. Chacun prend son poste de combat,et j’en informe tout de suite le P.C.

Ne te casse pas la tête, on arrive !

Les gardes mobiles veulent nous parler. L'un d'eux s'avance, c'est un officier. André va à sa rencontre, mais c’est pour s’entendre dire que le colonel veut parler à "celui qui commande". Pourquoi pas ! On va gagner un temps précieux en discutant. C'est donc à moi de jouer. Le Colonel fait quelques pas. Je vais à sa rencontre, il me salue réglementairement et me demande de déposer les armes et de nous rendre sans combat. Si nous obtempérons, il nous garantit à tous la vie sauve. Je proteste énergiquement, lui montre mon ordre de mission, mon uniforme. Le colonel est manifestement ébranlé. La discussion devient de plus en plus confuse ; il est évident qu'il sait fort bien que le Préfet est entre nos mains et il hésite à employer les grands moyens, en clair à donner l'assaut.

Tout à coup cinq voitures arrivent à toute allure et s'arrêtent non loin de nous. Je reconnais le neveu du professeur Aboulker qui s'extrait de la première d’entre elles. Il porte ostensiblement la seule mitraillette Sten que nous possédons. Une vingtaine de V.P. armés l'accompagnent et s'approchent. sans le moindre signe de vouloir se rendre !. La discussion reprend. Le colonel est invité à se rendre au commissariat central pour constater par lui-même que nous agissons bien dans le cadre d’une mission qui nous a été confiée par l'état-major de l'armée. Contre toute attente l'officier accepte de s’y rendre et de rencontrer l'adjoint du colonel Jousse, le capitaine Zurcher, qu'il connaît bien. Il repart donc en voiture et .une demi-heure après, de retour, il accepte très sagement que nous évacuions la préfecture en emportant nos armes,

Onze heures du matin, plus rien à faire, un temps précieux a été gagné. En bon ordre, avec nos armes, nous partons. Pendant tout ce temps, jusqu'à la dernière minute, le Préfet et ses collaborateurs sont restés sous bonne garde sans comprendre le moins du monde ce qui leur arrivait.
Les hommes se dispersent comme ils sont venus. Je pars au commissariat central avec Sadia pour y déposer nos armes. André, quant à lui, rentre directement chez lui ...

C’est vers treize heures que, Sadia me ramène chez ma logeuse avant de repartir avec la voiture pour la remettre devant le garage Lavaysse où nous l'avions prise la veille au soir. Il rentrera ensuite chez lui comme il pourra ...

Toujours pas d'Américains en vue ?... Avons-nous gagné ?

Oui, puisque, comme on le saura plus tard, ils ont pu finalement débarquer sans coup férir et occuper Alger le soir même.

Non, parce que, gaullistes, nous avons en fait ouvert la voie à une démarque de Vichy, d'abord avec Darlan puis avec Giraud, tout cela avec la bénédiction des Américains pour lesquels nous avons tiré les marrons du feu, Le préfet Temple est à nouveau tout puissant dans sa préfecture.

Quelle merveilleuse nuit des DUPES !

Mais, ce soir vers vingt heures, j'aurai vu pour la première fois dans la rue des Américains, assis dans de drôles de petites voitures carrées, un drapeau flottant sur leurs véhicules. Ils étaient manifestement sur le qui-vive dans cette rue déserte, prêts à tirer. Ils ne savaient sûrement pas qu'il n'y avait aucune chance que cela se produise et que nous y étions pour quelque chose.


  

Commentaires   

0 # jean-charles chebat 10-01-2016 10:05
Cher monsieur, Vous avez depuis mon enfance (*) toute mon admiration.C'es t à des gens comme vous, Martial Timsit, Georges Loufrani, Robert Bouchara et autres juifs algérois que nous devons non seulement notre liberté mais, plus encore notre dignité d'ommes. Merci!!
Jean-Charles/Shlomo CHEBAT.
(*) Mon père était de vos amis.
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0 # jean-charles chebat 10-01-2016 10:06
Cher monsieur, Vous avez depuis mon enfance (*) toute mon admiration.C'es t à des gens comme vous, Martial Timsit, Georges Loufrani, Robert Bouchara et autres juifs algérois que nous devons non seulement notre liberté mais, plus encore notre dignité d'hommes. Merci!!
Jean-Charles/Shlomo CHEBAT.
(*) Mon père était de vos amis.
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0 # gozlan lucien 10-01-2016 13:28
Pour monsieur CHEBAT.
Je suis sur le sujet depuis quelques annees si vous connaissez des personnes en descendance directe avec tous ces
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0 # gozlan lucien 10-01-2016 13:31
avec tous ces Oublies du 8 novembre 1942 a Alger, voici mon mail...gozlanlucien@gmail.com
Monsieur GOZLAN Lucien, anciennement avenue de la Bouzarea a bab el oued
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