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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Ce texte est extrait du livre "Contes et récits des juifs d'Algérie" de Simon Darmon 

Le livre d’Or : Poèmes liturgiques (piyyoutim)pour Rosh ha-Shanah et Yom Kippour Nord de l’Espagne, XVe siècle photo © RMN-Grand Palais - mahJ / Gilles BerizziOn savait qu'un livre était conservé dans la famille. Il y était depuis si longtemps qu’on n'en connaissait pas l'origine. On disait qu'il avait appartenu à notre ancêtre Rachbats et qu'il avait été transmis de génération en génération à l'aîné des garçons. Ce livre avait été vénéré, et je sais que certains membres de la famille n'ont pas été autorisés à le voir.

On ignorait ce qu'il contenait et on ne savait pas ce qu'il était devenu, ce qui faisait dire à certains qu'il n'avait jamais existé.

Seule Albertine pouvait en parler. Elle était la plus jeune et la seule encore en vie de neufs enfants de Simon, mon arrière grand-père.

Lorsque je l’ai rencontrée en août 1989, elle m’a impressionné par son calme et sa dignité. Ce livre a bien existé, me dit-elle. Losqu’elle était enfant, Camire, sa mère, lui demandait une fois par an de passer un linge blanc sur chacune des pages. Elle ne connaissait pas la signification de ce rituel. C’était comme çà.

Albertine chercha dans sa mémoire. Le livre est écrit en hébreu. Il est recouvert d’une sorte de parchemin ou de peau très dure. Il doit faire 6 à 7 centimètres d’épaisseur, et la tranche est dorée. On l’appelle "Le livre d’or".

Mais Albertine ne savait pas où il pouvait se trouver aujourd’hui. Elle ne l’a pas revu depuis son départ d’Alger. Il a été confié à son frère Alexandre à la mort de son père Simon, mais Céleste, la femme d’Alexandre, avait voulu le conserver après la mort de son mari. Alexandre est mort à Alger en Janvier 1950.

Le livre d'or serait-il perdu ? Etait-il resté à Alger ? Pire, était-il détruit ?

Roger, le fils aîné d’Alexandre, n’avait plus de contact avec la famille. Je lui ai téléphoné mais je n’ai pas eu de réponse. Alors, je n’ai pas osé rappeler. Quelque temps après, en juillet 1990, j’appris son décès par mon père qui venait de recevoir un appel de Louis, le fils d’Albertine. Celui-ci se trouvait à Perpignan pour son travail quand il a eu la surprise de rencontrer Alfred, le frère de Roger. Alfred vivait à Perpignan et était resté en contact avec Céleste. Il voulait bien se renseigner pour le livre.

Les semaines et les mois passèrent. Toujours rien. Les coups de fil et les lettres à Alfred restaient sans réponse. Mais la famille se mobilisait. Mon père contacta ses cousins Marc et Robert, les fils de Benjamin (le sixième enfant de Simon), qui venait d’acheter une maison près de Perpignan, pour leur retraite. Alfred lui demanda de passer le voir. Ils chercheront ensemble. Marc me raconta la suite : "Je reçois un coup de fil d’Alfred qui me demande de venir vite. Il a retrouvé une valise dans sa cave. Elle n’a pas été ouverte depuis le départ d’Alger…depuis plus de trente ans" !

Marc m’a avoué avoir été pris de tremblements en arrivant chez Alfred. Ils ont ouvert la valise ensemble et découvert un sac de velours bleu. A l’intérieur, enveloppé dans un petit Taleth en coton blanc, un livre avec une grosse couverture en parchemin fripé. Voilà, le livre d’or est réapparu et Marc l'a embrassé pour nous.

Je descendis aussitôt à Perpignan avec Daniel. Et le livre était là, devant nous, parmi nous, une journée entière. Nous en avons fait des photos et des films. Le livre était dans nos mains, et nous regardions attentivement chaque page, chaque enluminure. J’ai ressenti alors que quelque chose d’important pour nous venait de se passer. Le livre d’or était né une deuxième fois.

C’était le vendredi 26 février 1993. Le soir venu, nous nous sommes tous réunis autour de la table du Chabbat, et lorsque Marc a entonné le Kidouch, nous avons été pris d'une grande émotion. Le manuscrit était posé sur la table, symboliquement à la place de notre ancêtre. Une journée bénie, inoubliable, hors du temps.

D'une étude de l'équipe de paléographie hébraïque du CNRS, dirigée par Colette Sirat (et publiée dans La Revue des Etudes Juives, tome 157, janvier-juin 1998), il ressort qu'il s'agit d'un Mahzor de Roch Hachana et Kippour, de Barcelone, de rite catalan, datant du XVe siècle.

Depuis sa redécouverte, le livre d’or avait rassemblé à nouveau notre famille dispersée depuis le départ d’Alger.

Le 17 décembre 2002, le "Livre d'or" a été offert au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme de Paris, où il a été restauré. Exposé dans le département espagnol, il témoigne du génie du judaïsme séfarade.

Il s'agit du manuscrit  copié au début du XVe siècle dans la péninsule Ibérique. Il comprend des poèmes liturgiques du rite catalan lus lors des fêtes du nouvel an (Rosh ha-Shanah) et du Grand Pardon (Yom Kippour) et des fragments d’un traité de mystique du poète et philosophe andalou Salomon Ibn Gabirol (1020-vers 1058), intégré plus tard au rituel de toutes les communautés séfarades.

Visiter le mahJ, c'est aussi une occasion de voir les collections, de découvrir leur richesse et de célébrer la générosité de ces personnalités qui ont, toutes, fait le choix de transformer en un bien public inaliénable une partie de leur patrimoine.

Informations pratiques

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ).
Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple 75003 Paris.
www.mahj.org
01 53 01 86 65
info@mahj.org

 

 
 
 

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