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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

1962- 2012 : 50 ANS DE PRESENCE A MARSEILLE POUR LES JUIFS D’ALGERIE

 

 Par Bernard REBOUH

Au cours de l’année 1962, la communauté Juive de Marseille a connu une croissance inédite et brutale, principalement due  à l’arrivée massive de Juifs venant d’Algérie.

L’évolution démographique de la communauté est bien antérieure à cette date : depuis, à peu près le milieu des années 50 il y a eu un afflux  modéré mais constant de Juifs venant d’Afrique du Nord : Tunisie, Algérie, Maroc. 

Mais plus particulièrement en provenance d’Algérie au cours de l’année 1962 il y a eu un exode massif des Européens : ce mouvement a concerné à peu près 1.500.000 personnes sur lesquels on pouvait compter quelques 130.000 Juifs.

Au cours de l’histoire il n’y a peut être jamais eu d’exode aussi complet. En effet seuls quelques centaines de personnes ont décidé de demeurer dans l’Algérie indépendante.  Sur la multitude de communautés grandes et petites, on ne comptait plus que deux minuscules communautés  à Alger et à Oran.

A ma connaissance un seul rabbin est resté, à Alger, M. Gilbert SEROR (zal).

Quant aux synagogues, elles ont été soit saccagées, soit transformées en mosquées.

L’exode massif s’explique par le fait que depuis 1870 les juifs ont accédé à la nationalité française et se sont comportés en citoyens loyaux. Le triste épisode du gouvernement de Vichy, qui a abrogé d’un trait de plume le décret Crémieux de 1870, a été oublié. (La déchéance de nationalité, prononcée en 1940, n’a été rétablie qu’en 1943.

De plus au cours de la guerre d’indépendance, de 1954 à 1962, la communauté juive a souffert directement des évènements : de nombreuses synagogues ont été vandalisées et profanées. La réaction des communautés a chaque fois été empreinte de dignité et n’a jamais entraîné de violences.

Les indépendantistes n’ont pas visé que les institutions.

Des attentats ciblés ont atteint des Juifs pour impressionner la communauté.

Le dernier a peut-être été celui qui a tué le chanteur constantinois Raymond LEYRIS ( zal), beau père de Enrico Macias.

Dès lors, rester vivre dans une Algérie indépendante, ne pouvait être envisagé avec confiance.

Une petite minorité a choisi l’alya en Israël, mais la grande majorité a choisi la France.

Après 1962, on a évalué la communauté juive de Marseille à 60.000 ou 70.000 âmes, ce qui en faisait la 2ème  communauté en France, après Paris.

Avant 1962 on ne comptait à Marseille qu’environ 5.000 personnes.

Pour les nouveaux arrivés se posaient une multitude de problèmes : comment travailler, où habiter, comment trouver une alimentation cachère, où se « rassembler » le chabat et les jours de fête.

Dans les rangs des déracinés se trouvaient de nombreux cadres communautaires d’Algérie, de Tunisie ou du Maroc.  Ces personnes désiraient ardemment s’occuper de la communauté nouvelle.

Les institutions communautaires : F.S.J.U, CASIM ont oeuvré pour  atténuer la dureté de l’épreuve pour ceux qui étaient le plus démuni ou fragilisé par l’âge ou la maladie. Il est vraisemblable que chacun a fait de son mieux.

Que trouvait-on à Marseille à ce moment ?

Il y avait la synagogue Breteuil , mais elle ne convenait pas à tout le monde en raison de la liturgie marseillaise alors que beaucoup avaient besoin de retrouver l’ambiance des offices d’Algérie et de retrouver d’anciens amis.

En 1958 une petite synagogue a été fondée au 22 de la rue Pavillon. Il s’agissait d’un petit appartement au 1erétage. Elle ne pouvait accueillir que quelques dizaines de fidèles. Le premier rabbin était  algérois : André HaïmABIB , décédé accidentellement en 1963 à l’âge de 55 ans. Le rabbin Abib était secondé par son gendre,

M. Gilbert Benhamou. Ce dernier était très dynamique est était très présent à ses côtés pour organiser les offices des solennités de Tichri, principalement,(selon mes souvenirs, dans la salle de Cercle Républicain de la rue Grignan.

Le Rabbin Henri LEVY (zal), de Constantine lui a succédé, puis après lui le Rabbin Rahmin HADJADJ, de Bône et élève du Rabbin NAOURI ( zal).

En 1965 cette synagogue a été transférée au 24 de la rue Montgrand et a pris  le nom de «  BETH  CHALOM ».

Cette synagogue a été aménagée dans un ancien théâtre et a été rendue possible par l’intervention  du Maire de Marseille, M. Gaston DEFERRE.

Le comité gestionnaire de ces  synagogues était présidé par Maître Charles HADDAD (zal), ancien Président de la Communauté Juive de Tunis et par ailleurs militant infatigable dans les domaines communautaires et sionistes.

Cette communauté a édité à partir de mai 1963 un journal mensuel répondant au titre de « MENORAH ».

Le responsable était le Rabbin DOBELSKY ( zal), originaire d’Egypte.

Pendant longtemps les relations entre le Consistoire et la «  rue Pavillon » ont été conflictuelles et la paix ne s’est installée qu’après de trop longues années et plusieurs interventions du Grand Rabbin de France, Jacob KAPLAN ( zal).

En raison du nombre insuffisant de synagogues, il fallait louer des salles pour les fêtes de Tichri.

Il y a eu le Cercle Républicain, rue Grignan ; l’ Alcazar qui, à cette époque était un théâtre, au Cours Belzunce ,

( l’Alcazar est actuellement le siège de la Bibliothèque Nationale) ; l’Opéra, l’Hôtel SPLENDIDE , Boulevard d’Athènes avec le Rabbin Salomon TAPIERO (zal). Actuellement cet édifice abrite le CRDP ( Centre Régional de Documentation Pédagogique).

Il y a eu beaucoup d’autres salles louées dans d’autres quartiers dans lesquels s’étaient fixés  de nombreux Juifs : Saint Just, Sainte Marguerite, Saint Louis, etc…

En ce qui concerne la cachrout il n’y avait qu’une seule boucherie strictement cacher : Provence Cacher, rue de la Glace, fondée par Elie Dayan.

Dans la rue Pavillon , à l’angle de la rue Paradis, a été ouverte la première charcuterie cacher «  Chez Claude ».

Fast food avant l’heure, il préparait des sandwichs à midi et a par la suite ouvert, dans la même rue un snack.

Mais à ce moment là il n’était pas garanti cacher. Tout reposait sur sa bonne foi et les clients ne manquaient pas.

Et dans cette année 1962, dure à vivre pour beaucoup, il faut signaler la création prometteuse pour l’avenir : la création dans le quartier du Redon d’une école primaire juive à plein temps fondée par le Rabbin Elie RUIMY (zal) et deux ans plus tard , dans le quartier de Saint Just a été fondée par le Rabbin Haïm WAZANA (zal) l’Ecole Yavné.

La suite est bien connue. Elle se présente actuellement comme une communauté qui compte plus de 40 synagogues, plus d’une dizaine d’écoles juives à temps plein de la crèche au lycée. ( En 1962 il n’y avait qu’une école : l’ORT) ; des mouvements de jeunesse variés ( en 1962 on ne trouvait que les EEIF et le BNE AKIVA crée en 1956).  Il y avait aussi l’U.E.J.F. pour les étudiants.

En ce qui concerne plus particulièrement les synagogues il y a eu des créations très étroitement rattachées à l’origine des fidèles. On peut citer : Chalom Rav , Impasse Dragon , typiquement constantinoise avec le Rabbin Henri LEVY, Ozer Dalim, de rite Turc, Impasse Dragon avec le Président Isy Beraha,  Hakhnassat Orhim, seule synagogue Ashkénase, avec le Rabbin  SCHWARZFUCHS ( zal), impasse Dragon aussi, Keter  Tora, Rue Tapis Vert, tunisienne , avec Maître Charles HADDAD et le Rabbin DEMRI, la synagogue Algéroise, rue Beaumont avec le Rabbin Marcel ACHOUCHE (zal) et Messieurs JAIS et BACRY et AMAR. Cette synagogue n’existe plus. Elle était connue sous le nom de ETS HAIM. Avant la création de cette synagogue le rabbin Marcel Achouche  avait été installé comme rabbin de la communauté Ozer Dalim par le Président Isy Beraha. Cette synagogue était dévolue aux juifs d’origine turque et salonicienne. Il faut remarquer là un remarquable esprit d’ouverture du Président Beraha, qui a été un peu plus tard le Président du Consistoire de Marseille.

Il faut mentionner l’extraordinaire variété d’origine des Juifs marseillais.

Il y a eu depuis des siècles un judaïsme provençal extrêmement vivant avec des maîtres célèbres, des yéchivot prestigieuses. On comptait un très grand nombre de petites communautés. Actuellement dans de petits villages on trouve des noms de rues qui rappellent ces communautés disparues.

Dans le temps Marseille a été la destination de milliers de Juifs fuyant des terres hostiles : Pologne, Allemagne, Turquie, Grèce, Egypte , Algérie, Tunisie, Maroc etc…

Nous espérons que notre communauté continuera à vivre intensément et à se développer.

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PLAQUE COMMEMORATIVE D’INAUGURATION DE LA SYNAGOGUE BETH CHALOM (15/11/1965)

 

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SYNAGOGUE DE LA RUE PAVILLON  (3 FENETRES DU 1 er ETAGE)

 

 

Commentaires (1)
 

1. gozlan lucien Lun 12 Août 2013

Bravo monsieur pour ce recit excellent sur la presence juive au tout debut de l arrivee des Rapatries juifs (expatries de leur terre natale) en France metropolitaine et particulierement a Marseille.
Ils ont su apporter un renouveau juif pratiquant dans la ville phoceenne, rejetes par les marseillais de souche.
Oui j ai souvenirs de notre lieu de regroupement sur la place de la bourse, lieu de rendez vous de tous les pieds noirs qui cherchaient de quoi etre heberges arrives par avions Air France ou par bateaux aux quais de la Joliette.
Oui j ai souvenirs, ayant fait parti des services d accueil composes de volontaires a l arrivee au centre l Arbois, avec des eqipes qui fonctionnaient jours et nuits le va et vient incessant des refugies en detresse, pour fuir la repression barbare des assassins du FLN.
Et puis j ai encore souvenirs de la synagogue de la rue pavillon, ou j allais tous les apres midi grossir un mynian de plus en plus nombreux, oui j ai souvenirs du petit magasin de Chez Claude ou on allait acheter un grand sandwich garni de tranches de saucison "cachir" pour 1 fr seulement.
Oui monsieur, j ai toujours ces souvenirs en moi, ou je cotoyais la detresse au quotidien de toutes ces personnes que les "metropolitains" avaient communautarise comme la population des"pieds noirs".
Alors que j etais volontaire a l arrivee au centre de l Arbois, une navette arrive vers 9 heures du soir, l equipe de volontaires aide a decharger toutes les vaises et affaires personnelles de tous les passagers, une femme d une trentaine d annee est en pleurs, elle tient ses deux enfants par la main, je me rapproche d elle..:
-madame nous sommes la, nous allons nous occuper de vous, !!!!
-monsieur, je ne sais meme pas ou nous sommes mes enfants et moi, je ne sais meme pas ou je dois aller, mon mari nous a place dans le premier avion pour la metropole et lui est reste la-bas,...
Pauvre femme, j avais fait de mon mieux, combien de milliers de personnes etaient dans le meme cas???

 

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