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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Par Didier NEBOT

Quelques semaines plus tard l'occasion se présenta et il trouva une petite place dans un convoi qui partait pour Tlemcen.
Sur la route, un soir ils se firent attaquer par une poignée d'hommes armés jusqu'aux dents. David crut que sa dernière heure était arrivée.
La plupart des hommes du convoi furent tués, les brigands l'épargnerent pour le vendre comme esclave. La troupe suivit l'oued Chélif qui servait de route à travers le pays.

 A l’ouest de la Mitidja, le Djebel Doui s’enroula. D’étonnantes étendues d’artichauds sauvages, fleurs vericales, striaient de gris-vert le paysage. Au lion apparut Sauk Tleta, fief de la tribu des Béraz.

Après l'avoir briqué à neuf et affublé d'un accoutrement étrange pour sans doute le faire paraître plus exotique, les brigands l'amenèrent sur une petite place où se trouvaient

aussi d’autres compagnons d'infortune. Il y avait là des êtres à la peau noire comme la nuit, des femmes peu habillées, d’autres au contraire noyées dans les voiles, et devant eux défilaient de riches et gras arabes.

Après avoir été étudié sous toutes les coutures (il dut montrer ses dents, ses mains, son corps), David fut acheté par le conseiller du Cheik Aïn Méhdi, là-bas près du désert. Puis l'importante caravane du conseiller prit la piste du Sud : des marchands dont les mûles étaient bardées de marchandises achetées, des chameaux par dizaine, une cohorte piaffante de chevaux, des moutons en fleuve fluide et bêlant, et une importante escorte de cavaliers armés jusqu’aux dents, chargés d’assurer la sécurité de la troupe. La caravane rejoignit M’Tayeb, premier k’cour, aux avant-postes du désert. Esclaves et bêtes profitèrent de l'eau à profusion, la nourriture fut distribuée. David, perplexe, sentait sa méfiance décroître, nulle marque de dédain de la part de « ses propriétaires » ou de ses gardes. Il était entre les mains des Djiids, arabes du Grand-Sud et il découvrait petit à petit combien le raffinement, la sagesse et la tolérance, étaient leurs armes essentielles.

Après plusieurs jours de voyage et être passés de k’çour en k’çour, le convoi parvint au défilé du Djebel Amour. Au loin, David aperçut comme dans un rêve une oasis à perte de vue : Aïn Médhi, première grande ville du Mzab, bâtie sur une colline, parsemée de mille jardins voluptueux.

Mimoun Bensahel, le Cheik d’Aïn Méhdi les attendait, étendu sur des coussins brodés d'or, éventé par deux négrillons qui agitaient lentement des feuilles de palme. Une petite fontaine coulait en mince filet d'eau, et l'air sentait le jasmin. Pour David qui s'attendait à rencontrer un homme obèse à la lippe épaisse, le cheik affichait une expression d'une grande noblesse, avec un visage sec et racé. Quant à ce dernier, qui fulminait toujours de n’avoir point auprès de lui, comme son cousin, un esclave juif espagnol, la découverte de ce garçon le ravissait. Elle dépassait toutes ses espérances. Il remercia son conseiller d'avoir opéré un aussi bon choix. Il invita David à s'asseoir et se désaltérer. Le Cheik possédait quelques notions d'espagnol et un semblant de conversation s'engagea.

Plusieurs mois passèrent, des rapports presque filiaux s'établirent entre eux. David était bien traité, presque libre. Son monde aurait pu se résumer à Aïn Médhi, il se serait même, à la longue, converti et aurait eu l'existence la plus raffinée que l'on puisse rêver. Pourtant il ne cessait d'avoir conscience de sa condition de prisonnier et puis il ne pouvait oublier sa famille. Le visage de Léa lui apparaissait souvent en songe, elle disait au revoir en agitant le bras, là-bas en Espagne.

L’idée d'une évasion prit lentement forme dans son esprit. L'occasion, il la croisa par un beau

matin d'avril, alors qu'il assistait les commerçants d’Aïn Médhi au marché. La pyramide de melons qu'il avait soigneusement construite s'effondra en grosses perles jaunes, et il lâcha rageusement une insulte tonitruante en hébreu.

Un passant s'arrêta net et lui lança :

- tu es juif ?

- Oui, répondit David, Et toi ?

- Je suis aussi juif, j'habite Laghouat et je m'appelle Dado

- Tu as fui l’Espagne ? Poursuivit David

- Non, mon frère, ma famille est là depuis des siècles. Et toi, tu viens de là-bas ?

- Oui répondit David la voix étranglée par l'émotion, il poursuivit, je veux partir avec toi à Laghouat.

Dado réfléchit quelques secondes, puis acquieça en lui donnant rendez-vous pour le lendemain matin. David savait qu’il ne risquait rien, depuis longtemps déjà, il passait des journées entières seul dans la bibliothèque du Cheik et personne ne s'étonnerait de son absence avant le lendemain. Alors il serait loin du Djiid généreux.

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