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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Caroline Elishéva REBOUH

L’ELEVATION : Élever quelqu'un à une dignité, élever la voix.

Autour de ces deux significations se range la sidra de cette semaine. Elever les enfants de Lévy (Kehat , Guershon et Merari) aux dignités de Chantres qui vont, en soulevant le Tabernacle, élever leurs voix. Autant les Cohanim guedolim doivent s’acquitter de leur tâche sans parler, autant les Léviim doivent s’acquitter de leur tâche en psalmodiant.

Mais, dans l'action d'élever quelqu'un à une dignité, il y a aussi la volonté de rapprocher quelqu'un qui, volontairement ou involontairement, se serait éloigné de son milieu, de sa famille, de sa communauté. 

A l’initiative de l’Institut français d'Alger, un concert-hommage à Lili Boniche se tiendra dans 5 villes d’Algérie, à savoir Alger, Annaba, Oran, Tlemcen et Constantine, durant la période du 18 au 23 juin 2016.

"Casbah Groove" propose aussi les répertoires de Salim Halali, Line Monthy, Blond Blond…

Un concert inédit en hommage au crooner d'Alger qui a fait danser plusieurs générations

Lili Boniche (Élie Boniche) est né en 1921 à Alger dans une famille juive. Il décède le 6 mars 2008 à Paris. C’est un chanteur de musique arabo-andalouse.

Rendu célèbre par la célèbre chanson « Alger, Alger« , Lili Boniche fait à jamais partie du répertoire musical algérien. Mélangeant la tradition musicale juive au chaâbi et au flamenco, il a su créer une identité propre à la musique des années 40-50 en Algérie.

Institut français d'Alger

Situé au cœur de la ville, à deux pas de la Grande Poste, l'Institut français d'Alger est un lieu de rencontres et d'échanges, ainsi qu'un des acteurs de la vie culturelle et artistique algéroise.

Source de l’information
http://www.if-algerie.com/alger

 

Caroline Elishéva REBOUH

LE RECENSEMENT

Les 12 tribus autour du tabernacle pendant la traversée du désert

Le quatrième livre de la Torah est en fait le dernier. En français, ce livre devrait s'intituler "dans le désert" pour suivre conformément le titre hébraïque et pourtant, il s'intitule les Nombres pour faire allusion au thème central de cette parasha qui traite du dénombrement du peuple à cette occasion, pendant les pérégrinations du peuple dans le désert après la faute du veau d'or.

Pourquoi ce quatrième livre est-il le dernier de la Torah alors que nous disons tout le temps "hamisha houmeshé Torah" ou pentateuque soit les cinq livres de la Torah ? C'est parce que le quatrième est le dernier tome et le dernier livre rapportant les prophéties de Moshé Rabbénou alors que le cinquième livre appelé en hébreu "Devarim" ou les Paroles et aussi le Deutéronome ce qui signifie la répétition, rapporte en fait, les discours de Moshé Rabbénou.

Cet ouvrage de 280 pages, est paru le 20 avril 2014 aux Editions Franco-berbères.

Né en 1951 en Kabylie, Jibril Daho, pétrochimiste de formation, il a toutefois, une propension pour la littérature. Imprégné de la culture berbère, il tend, à la faire connaître à travers le monde, comme son aîné Mouloud Feraoun.

Aujourd’hui, paisible retraité, c’est de ses montagnes kabyles qu’il observe les mutations sociétales de son pays kabyle.
 

Le roman "Taos ou l'extraordinaire destin d'une Juive kabyle" présente une peinture de la Kabylie et du Mzab pendant plus d'un siècle

Dans les dernières décennies du XIXe siècle, une jeune Juive native de Ghardaïa, et un jeune musulman mozabite décidèrent de se marier envers et contre tous. Le couple eut une seule fille qui épousera un colporteur kabyle d'huile d'olives et de figues sèches.

Cliquer sur les images pour les agrandir

 

 

 

 
 

Dans le cadre du "Festival des Cultures Juives" , nous vous vous proposons dimanche 19 juin à 20h30 à l'Espace Rachi, des extraits de textes classiques revisités en pataouète.

                                       

 

Pliippe Clair lira les plus beaux extraits de la Parodie du Cid. 

Ci-dessous les pages 28 et 29 du magazine BALAGANE.

                           

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

 

NOUS ESPERONS VOUS RETROUVER NOMBREUX POUR NOTRE SOIREE PATAOUETTE

 Dim. 19 juin 2016 à 20h30

Espace Rachi – 39, rue Broca - 75005 Paris 

 

 

 

 

LE SITE EST TOUJOURS AUSSI VISITE A CE JOUR 685654 VISITES ( POUR LA SEULE JOURNEE D'HIER 1208 VISITES)

 

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Cette semaine sur le site de MORIAL :

 

-Informations concernant deux événements :

 

31 mai 2016 : "Comme chez vous : Alexandre Arcady"

 

 5 juin 2016 : Yom Yeroushalayim (Journée de Jérusalem)

 

-La Paracha de la semaine

 

BEHAR (Lévitique) – 21 au 28 Mai 2016

 

 

-Parution de deux ouvrages :

 

Vient de paraître "LE MARIAGE" : tout sur le mariage juif par Katy Bisraror

 

 

Vient de paraître : Les Juifs et le Maghreb d’Eva Tartakowsky

 

 

Jeudi 2 juin 2016 à 18h30, Le CERCLE DE GENEALOGIE JUIVE (CGJ) vous propose d’assister à cette conférence au Mémorial de la Shoah.

Citation d’André Chouraqui – 1952

Le Juif maghrébin partait d’un niveau incroyablement bas, et cependant il devait dans un temps incroyablement bref, parfois en une seule génération, franchir l’abîme qui séparait son ancienne condition de celle que nous  lui verrons progressivement prendre.

Source de l’information
http://www.genealoj.org/fr

Renseignements pratiques

Mémorial de la Shoah (salle indiquée dans le Hall)
17 rue Geoffroy l’Asnier - Paris 4e
E-Mail : contact@memorialdelashoah.org
Tél. : +33 (0)1 42 77 44 72 (standard et serveur vocal)

Mardi 31 mai à 20h à l’Espace Rachi : un événement "RCJ Le Club" à ne pas manquer 

A l'occasion de la sortie de son livre de souvenirs "7 rue du Lézard" paru aux Editions Grasset, une soirée exceptionnelle est organisée pour Alexandre Arcady. 

Des invités, stars et amis, vont se succéder pour parler de lui, alors qu’il ne saura rien des invités. Et le public non plus !

Réservation des places
01 42 17 10 11
actionculturelle@fsju.org

 

Samedi 28 MAI 2016 à 20h30 au théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne, l’association MORIAL se joindra au spectacle l'ombre et la lumière donné par l'association NDDP.

 

« Dans l’ombre et la lumière » est une création réunissant chanteurs, musiciens et danseurs sur la scène du Théâtre de l’Ouest Parisien !

Venez vivre en famille cette soirée rendant hommage à la variété française.

AVEC :

Katia Kaminsky : Direction Artistique
Jérémy Borg : Direction Musicale
Eva Mellouli : Metteur en scène
Vincent Ansart : Chorégraphe

Avec :

Elsa Abitbol, Jean-Luc Baron, Laurence Cohen,  Julia Guez, Katia Kaminsky, Wendy Touche : chanteurs
Patrick Abitbol, Jérémy Borg, Gregory Lenczner, Emmanuel Scialom : musiciens
Delphine Casadei, Anthony Guieu, Margot Lamy, Manu Macau, Belinda Manzoni : danseurs

Les bénéfices de ce spectacle à but humanitaire seront intégralement reversés à l’association d’aide aux enfants malades PETITS PRINCES. 

Voici ce que te dis un de ces Petits Princes :

 Sache que je serai très touchée si tu viens même juste un petit moment. 

Je te promets que là-bas la musique est bonne et qu’elle te donnera l'envie d'aller au bout de tes rêves.

Ce petit show sera une bonne idée pour se changer la viedu moins je pense, pas toi ?

On ira ensemble si tu ne veux pas marcher seul car comme toi  je n’aime pas être le premier à arriver.

Aujourd'hui c’est ta chance car si tu trouves le nombre exact de titres de ce grand chanteur insérés dans ce texte je te ferai un sourire de mon fauteuil roulant lors du spectacle. 

Je sais pas si tu vas trouver mais ne compte pas sur moi pour te donner les réponses…

N’hésite pas à en parler autour de toi, à tes amis et ta famille. 

A très bientôt 

Renseignements pratiques

Théâtre de l'Ouest Parisien (TOP)
1, place de Bernard Palissy, 92100 Boulogne Billancourt 

Pour réserver cliquer sur ce lien :
http://www.ticketac.com/spectacles/dans-lombre-et-la-lumiere-boulogne-billancourt.htm

 

 

 

Pour le 68e anniversaire de l'Etat d'Israël, mercredi 11 mai à 19h, le Consistoire de Paris et le KKL de France vous invitent à la Cérémonie Officielle de Yom Hazikaron / Yom Haatsmaout à La Grande Synagogue de La Victoire.

Avec la participation de Daniel Lévi et des Frères Nacash.

Renseignements pratiques

Grande Synagogue de La Victoire
44, rue de la Victoire - 75009 Paris
Tél. : 01 40 82 26 26 poste 2773
infos@lavictoire.org
http://www.consistoire.org
Entrée gratuite

Inscription obligatoire en ligne : 
https://www.weezevent.com/yom-haatsmaout-a-la-victoire

 

LE FOUR A PAIN

 Par Claude S. Extrait de son blog « les souvenirs de Claude » in « Constantine d’hier et d’aujourd’hui »

  http://www.constantine-hier-aujourdhui.fr/LesConstantinois/souvenirs_claude.htm

LE FOUR BANAL Constantine. Années 1940. ..

 

 

 

Pendant la guerre, on ne délivrait de pain dans les boulangeries que contre des tickets de rationnement. Aussi, nous mangions, tous les jours, du “pain de maison” longuement pétri dans la grande “kesra” en bois d’olivier, confectionné avec de la semoule fine et non de la farine et un levain que grand'mère préparait elle-même en laissant fermenter un morceau de pâte très molle prélevé d’un pétrissage précédent.

Le pain du Vendredi soir et Samedi, du shabbat, était badigeonné au jaune d'œuf pour lui donner un air de fête.

Les pains, les gâteaux, les gratins étaient cuits au four banal tenu par un Arabe au coin de la rue Thiers très pentue, en haut d'une série d'escaliers, en sous-sol, face à la grande synagogue de Sidi Fredj, le grand rabbin du département de Constantine.

Au-dessus du four, un bordel public fréquenté par des fantassins du troisième zouave qui faisaient le pied de grue, en face, attendant leur tour, sur le signal, à travers une petite lucarne, d’une portière maquerelle.

Rencontre improbable, sur le même trottoir, des fidèles de la « Maison de Dieu »et de ceux de la « maison de tolérance ». Mais « les desseins de la Providence sont impénétrables! »

Au four donc, on apportait de longs plateaux de tôle noire chargés de pains ou de gâteaux, le plus souvent sur la tête, des gratins aussi et je me rebiffais contre cette corvée.

Les veilles de fêtes et de Shabbat, des théories d'enfants souvent très modestes, attendaient leur tour, leur plateau sur la tête, résignés.

Parfois, des femmes, savates aux pieds, arrivaient au four en continuant à battre à la fourchette ou au fouet leur biscuit de Savoie pour empêcher la pâte de retomber.

Au four banal, en contrebas de la rue, l'homme, un Arabe plutôt jeune, glabre, à l'allure nonchalante, à l'air un peu hautain ou détaché, forme que prend parfois la patience, pieds nus sur de grandes nattes de crin qu'il nous était interdit de fouler, alimentait le feu avec des fagots de lentisque odorant. On entendait ronfler le brasier dans le four quand il ouvrait la lucarne. Il maniait en expert une pelle en bois d'olivier plate avec un très long manche. Il enfournait ou déplaçait sans cesse, sur la sole du four, plus ou moins près du foyer, les pains et plateaux de petits gâteaux pour une cuisson parfaite. Il les déposait ensuite, toujours avec sa pelle, en les faisant glisser par petites secousses horizontales, brûlants, dorés à point, directement sur les nattes pour les laisser refroidir. Le fournier ne se trompait jamais sur les propriétaires de tout ce qu'on lui confiait à cuire.

 

 

 

 

Il y avit des pains de toutes les formes mais pas de pains tressés, cette coutume de la halah tressée pour le shabbat ne semble pas être parvenue jusqu’à nous à Constantine, à cette époque-là. Assurément, nous ignorions que Dieu avait paré de tresses la chevelure d’Eve avant de la présenter à Adam.

Certaines familles marquaient les pains de leur sceau : des incisions sur la pâte, des trous de fourchette, des empreintes de doigts, des dessins linéaires, des fleurs, des étoiles de pâte sculptée, des graines de sésame, d’anis ou de pavot. Grand’mère faisait pour nous de petits pains en forme de poissons et souvent de petits pains ronds au chocolat ou aux noix.

Au retour du four, on transportait le pain cuit dans des serviettes attachées aux quatre coins. Les plateaux, empruntés au four, avaient été restitués.

L'odeur mêlée de bois brûlé, de pain chaud à l'anis et de pâtisseries parfumées nous raccompagnait jusqu’à la maison.

 Nous remontions, chargés, les quatre étages bruyamment, en léchant parfois le chocolat fondu qui avait coulé à la surface de nos petits pains. Grand’mère, qui guettait, nous attendait en haut des escaliers, impatiente.

 

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les marchands d’eau douce  Par Claude S.

 

Après l’exode des «  pieds noirs » d’Oran, qui ne sont pas restés longtemps parqués dans le « camp de réfugiés » de sainte Marthe à Marseille, ancien camp militaire de la 1ère armée française en 1944, où les autorités avaient entassé les plus malheureux Français d’Algérie en Juillet 1962, certains Oranais, dit-on, poussèrent la nostalgie jusqu’à ajouter du sel dans leur café pour garder le goût de «  là-bas ».
  A Oran, l’eau du robinet était saumâtre jusqu’en 1952.

En Septembre 1952, la construction du barrage de Beni Badel près de Tlemcen achevé, les Oranais purent, enfin, grâce à cette station de filtrage, recevoir l’eau douce courante du robinet. Le 27 juillet 1952* ce fut une grande fête à la Place d’Armes. La municipalité réunit, pour une anisette géante «  à l’eau douce » accompagnée de « kémia » (tramousses, « longanisse », soubressades, olives, « bliblis » (pois chiches grillés), «  pépites » graines sèches salées de courge, melon et pastèques etc…)  toute la population oranaise autour d’immenses tables.
Jusque-là, on s’accommodait de l’eau salée au robinet, on achetait l’eau douce ou on allait la chercher à la source.
« Jeune fille à la source »mais sans la grâce mystique de Rebecca au puits, sa cruche sur l’épaule, Huguette, ma petite cousine, allait, en bas de la rue de Wagram, à 500m environ, chargée d’un seau, d’un bidon ou d’un pot à lait en aluminium, puiser de l’eau à une fontaine alimentée par une source d’eau douce, rue du Mont Thabor, la bien nommée « Crève-Cœur », tant étaient rudes les escaliers au retour. Malheureuse enfant, elle fut chargée de cette corvée. Et aucun Jean Valjean pour soulever le seau à sa place !

Des marchands d’eau douce de la source Bredeah livraient, maison après maison, dans des charrettes tirées par un ou deux bourricots ou mulets, des bonbonnes de 5 ou 10 litres en verre épais recouvert de raphia ou d’osier.
D’autres transportaient à dos d’âne de grandes bonbonnes paillées ou de petits tonnelets. « Agua ! Agua ! » Criaient-ils en espagnol
Aussitôt accouraient femmes, enfants. L’eau était aussi vendue au détail, versée directement avec un gros entonnoir cabossé dans les récipients hétéroclites que tendaient les acheteurs.

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Des marchands arabes d’eau douce, sangle de cuir terminée par deux crochets sur les épaules, un cerceau autour de la taille, livraient l’eau puisée à la source dans deux seaux dont l’anse était suspendue aux crochets. 



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Marchand d’eau du Moyen-Age mais le principe du portage est le même. 

 Dans la journée, des marchands d’eau arabes, agitant une petite clochette, une outre en peau de chèvre avec un bec verseur ou un robinet en cuivre sur l’épaule, proposaient à boire en arabe : « l’mé khlo ! ». Pour quelques sous, ils servaient l’eau dans des timbales semi sphériques en cuivre jaune étincelant, plus rarement en fer blanc, qui pendaient à leur épaule et à leur ceinture. Pour l’étanchéité, du goudron tapissait l’intérieur de l’outre et donnait à l’eau une odeur et un goût singuliers, comme légèrement anisés.
.  Même à Oujda où l’eau du robinet était douce, on trouvait, dans la chaleur torride de l’été, ces marchands d’eau « gerrabes» plus pittoresques avec leurs grands chapeaux de paille multicolores, à côté des marchands « d’oublies »,  gaufres minces et légères, très friables, roulées en cylindres creux, transportées par le marchand ambulant sur le dos, dans de grands  cylindres en tôle de fer et cuivre. 
La seule vue des outres gonflées d’eau déclenchait chez nous, enfants, une soif irrépressible. Mais ma mère ne consentit jamais à nous laisser boire de cette eau-là.

 

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A la découverte des Juifs du Mzab

Par Jacques BENILLOUCHE 


Copyright © Temps et Contretemps

Ghardaia

En cette veille de Pessah nous revient à l’esprit l’histoire de ces Juifs du Mzab, à 600 kms au sud d’Alger, une région isolée située dans le Sahara et principalement peuplée de musulmans ibadites.

La tradition juive locale voulait que les familles prononcent à l'issue du seder, lors de la veillée pascale, la formule "l'an prochain à Tamentit" du nom d'une localité du Touat, au lieu du "l'an prochain à Jérusalem".

En effet certains se disaient originaires de la région du Touat, abandonnée au XVe siècle à la suite d'un désastre. 


Le Touat est une région de l'ouest du Sahara algérien, située au sud-ouest du Grand Erg Occidental.

La région était peuplée par une communauté juive dans l'Antiquité et au Moyen Âge, notamment à Tamentit, d’où la volonté exprimée chaque année d'y retourner. Elle avait été conquise par l'armée française en 1852 mais la loi française ne s'y était appliquée qu'à partir de 1882. 

De ce fait, les Juifs du Mzab ont été exclus du décret Crémieux qui octroyait aux Juifs résidant dans les départements français d'Algérie la nationalité française en 1870. Les Arabes étaient effectivement aussi exclus.

Mais les Juifs du Mzab ont été les seuls Juifs de l'empire français à conserver leur statut civil mosaïque, pratiquement jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Le statut de français aurait pu être étendu à ces Juifs après 1882 mais ils n'en ont pas bénéficié en raison du climat antisémite qui régnait alors en Algérie française. 

Une proposition de leur octroyer la nationalité française avait été débattue, en vain, en 1953 et en 1956.  Les Juifs du Mzab étaient eux-mêmes réticents à perdre leur statut en raison de leur volonté à maintenir leurs traditions. À cette époque la polygamie était encore pratiquée par la communauté ainsi que le divorce sans consentement de l'épouse tandis que les femmes ne bénéficiaient d'aucun droit en matière de succession.

 À la création d'Israël en 1948, 1.034 Juifs avaient choisi de faire leur alyah mais le reste de la communauté resta confiant dans l'avenir au Sahara, surtout après la découverte du pétrole de Hassi Messaoud en 1956. La montée des violences durant la guerre d'Algérie, qui s'était accompagnée de manifestations de haine antisémite, a poussé la communauté à demander d'elle-même la nationalité française. Une loi du 28 juillet 1961 a fait d'eux des citoyens français. Ils insistèrent alors à être évacués avant l'indépendance de l'Algérie mais refusèrent d'affronter les centaines de kilomètres de route les séparant d'Alger.

Un pont aérien de dix appareils fut alors mis en place pour évacuer les 978 derniers Juifs du Mzab vers Marseille. 400 d’entre eux rejoignirent leurs proches en Israël.

Avant le départ, ils décidèrent d’enterrer dans des tombes les textes religieux abîmés, comme le veut la tradition juive, et de se répartir leurs 17 rouleaux de la torah dont certains très anciens. Le paradoxe fut que la majorité d’entre eux s’installa à Strasbourg, capitale du judaïsme alsacien ashkénaze. Les Balouka, Partouche, Attia et Perez, qui vivaient à Ghardaïa en plein désert, arrivèrent un vendredi en tenue traditionnelle, les femmes en haïks, robes bariolées de fleurs roses, bleues. Ils furent accueillis par la communauté juive et par le grand rabbin Deutsch. Le dépaysement fut total et ce fut un beau «souk» à la synagogue. Cependant grâce à la communauté locale, leur intégration sociale et professionnelle fut rapide.

Mariage chez les Juifs du Mzab

Dans l’Algérie coloniale, les Juifs du Mzab avaient formé un «indigénat» distinct non seulement de la communauté musulmane locale, mais aussi de la population juive du Nord. Le maintien d’un «statut civil mosaïque», tout au long de la période coloniale, témoigne de la préoccupation de la France de ne pas mettre en péril l’alliance avec les notables de la communauté musulmane ibadite du Mzab. Il s’agissait presque d’une tribu juive oubliée, aux traditions obscurantistes. Ces Juifs étaient arrivés dans la région à la fin du Moyen Âge et ne durent leur ancrage local qu’à la bienveillance de leurs hôtes ibadites.

L’administration militaire du Mzab considérait cette population comme indigne d’être naturalisée. Elle s’efforça de limiter les échanges commerciaux entre Juifs et Musulmans et veilla scrupuleusement à préserver la ségrégation spatiale entre quartiers juifs et ibadites. Ces mesures furent à l'origine d’un petit Israël local, avant l’heure. La volonté de creuser l’écart avec les Juifs du «Nord» était flagrante. Le système consistorial introduit dès 1845 ne trouva pas d’application au Mzab. Les affaires communautaires y étaient gérées par un conseil municipal juif (djemaa), présidé par un "chef de la nation juive". En matière judiciaire, les litiges ayant trait à l’héritage, au mariage et au droit de famille étaient traités devant un tribunal rabbinique selon les règles du droit mosaïque complété par un mixage entre jurisprudence ottomane et législation coloniale française.

Une constatation étonnante mérite d’être soulevée ; l’Alliance israélite universelle n’a pas créé d’écoles pour la communauté du Mzab laissant ainsi se perpétuer l’enseignement religieux traditionnel.  Certaines familles juives n’hésitèrent pas à envoyer leurs enfants aux écoles des Pères blancs, peu fréquentées par la population musulmane. Cette "indigénisation" eut au moins quelques effets bénéfiques à l’occasion des lois antisémites de 1940 qui envoyèrent la population juive dans les camps d’internement du Sahara. La communauté du Mzab échappa ainsi aux persécutions du régime de Vichy. Mais la réaffirmation du régime de l’indigénat en 1947 marqua un véritable tournant puisqu’il amplifia le mouvement d’alyah des Juifs du Mzab vers l’Israël naissant. En cette période, les départs se dirigeaient principalement vers Israël et non vers la France.

Ce ne fut qu’après 1961, lorsque la naturalisation des Juifs sahariens fut enfin décidée, que les derniers Juifs du Mzab s’envolèrent vers la France.

Source de l’information
http://benillouche.blogspot.co.il/2016/04/a-la-decouverte-des-juifs-du-mzab.html

Pour en savoir plus 
http://www.benillouche.com/

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Par Sidney D. Aiche

Quelques lignes sur la vie paisible d'une famille juive d'Alger dans les années 30

 

 

Les "bourriquots" du Square Bresson d’Alger

 

C’était avant la guerre, la vraie, celle de 39-45 contre les nazis et leurs alliés. J’avais alors 8 ans et mon frère James 7. Nous avons la chance, mon frère et moi ainsi que nos parents d’en avoir été préservés.

Lorsque notre mère nous emmenait faire un tour rue d’Isly ou rue Michelet nous revenions toujours à pieds. En descendant la rue Dumont d’Urville qui prolongeait la rue d’Isly vers le square Bresson, plus tard appelé Aristide Briand, et la rue Bab-Azoun, nous commencions, mon frère et moi, à supplier : « Maman, maman, on pourrait faire un tour à bourriquot ». Nous insistions tellement que, pour arrêter nos lamentations, elle finissait toujours par accepter.  

 

Moi, j’enfourchais un âne comme un cavalier, mais mon frère, lui, préférait embarquer dans la petite jardinière à roues caoutchoutées, sur le banc de bois verni qui faisait office de siège.   

 

Après un tour, deux tours on ne voulait plus s’arrêter. Il fallait alors que Maman Céline nous dise : "Bon ! Si c’est comme ça on ne pourra pas aller voir Mémé et Tata Lucette avec Serge et Gérard" pour nous décider à mettre pied à terre, jeter un regard sur la terrasse de la brasserie du "Tantonville".

 

On continuait alors notre promenade par la rue Bab Azoun vers la Place du Gouvernement, la Place du Cheval, pour faire plus court, à cause de la statue équestre du Duc d’Orléans. Celui-ci contemplait fièrement la cathédrale d’Alger, tournant le dos à la mosquée "Djemââ Djedid" toute blanche.                                                                                                                                                                                                                          

Après la montée par la rue Vialar vers la place du Cardinal Lavigerie nous empruntons la rue de Chartre jusqu’à la hauteur de la rue Sainte où habitait Mémé Benzacken.

Au rez de chaussée de l’immeuble se tiennent les établissements Vernay qui fabriquent et réparent toutes sorte d’armes de chasse. L’atelier est installé au premier étage, juste au dessus de la boutique. Au deuxième c’est l’appartement de Mémé Benzacken. Notre grand-mère vit là avec sa fille Lucette et son mari William Bedjaï avec leurs enfants dont notre cousin Serge qui a, à peu près, notre âge. Face à cet appartement c’est la réserve du brocanteur "El Hadj". Je l’ai toujours connu sous ce nom qui lui a été décerné après son pèlerinage à La Mecque, "Le Hedjaz".

Face à Vernay c’est la charcuterie Chevallier. Elle est à l’angle de la rue Sainte et de la rue de Chartre, de l’autre coté c’est l’enfilade des boucheries arabes. Dans la rue les vendeurs de fruits et légumes interpellent le chaland : « Khamsa o achren le kilo» devant un assemblage de cageots à même le sol. On ne se rendait alors pas compte de ce joyeux mélange des genres et tonalités.

Il est alors quatre heures et demi ou cinq heures ! Nous avons droit au café au lait servi avec des brioches ou, plus souvent, avec les gâteaux blancs, mekrods, klèdnettes, khêmchettes et autres friandises confectionnées avec patience et amour par Mémé et ses filles Olga, Lucette et Celeste notre mère, à l’occasion des fêtes de Pourim.  

Le goûter pris, on descend alors la rue Sainte avec Serge jusqu’au Bazar Universel pour aller admirer la merveilleuse vitrine de jouets préparée en vue des fêtes de fin d’année. Après en avoir pris plein les yeux pendant une bonne quinzaine de minutes et se souhaiter recevoir les jouets exposés avec art et stratégie, cadeaux rêvés et convoités, on remonte par la même rue Sainte pour attendre Papa.

Il est bientôt 6 heures et demi et il va sortir du bureau de l’étude de Maître Mayer, notaire, où il est clerc principal. Il vient nous rejoindre pour rentrer tous ensemble à la maison.

 

L’étude notariale de Maître Mayer est située au 9 de la rue Jules Ferry. C’est une rue parallèle à la rue Bab Azoun, on y entend le tramway qui roule le long des arcades à grands coups de cloche d’avertisseurs pour prévenir de son passage les passants distraits qui en déboucheraient de façon intempestive.

 

Papa, après avoir rapidement salué toute la compagnie, nous emmène par la rue Sainte vers la place du Gouvernement.

On passe devant le marchand de beignets arabes mais on ne s’y arrête pas. En face la pâtisserie Fille est également édaignée.

On n’a plus le temps ! Devant le Bazar Universel la calèche de Khamia, le maltais, est au stationnement, attendant le client. On s’y cale avec délice. Il fait beau, la température est douce, la capote de la calèche est rabattue. C’est la fin de la journée. Le cocher claque de la langue pour encourager les chevaux.

La promenade commence par la rue Bab El Oued. On passe devant les vitrines du Petit Duc où Maman avait travaillé comme vendeuse en parfumerie. On continue par la place pavée de jaune du lycée Bugeaud. On salue la caserne Pélissier devant laquelle un tirailleur sénégalais, avec ses balafres sur les joues pour que la barbe ne pousse pas, monte la garde. Il a fière allure en sentinelle, conscient de la gravité de son rôle. On enfile la rue Eugène Robe, le square Nelson, le cinéma "Le Majestic" pour arriver chez nous, au 29 de la rue Borély La Sapie.

Mon frère et moi dormons debout et il faudrait presque nous porter pour aller au lit. La journée a été bien dure et bien difficile. Nous allons bien dormir ! 

 

 

 
 

Dimanche 6 mars 2016, à 14h30, Christian de Monbrison présente son témoignage, au Mémorial de la Shoah - Entrée libre sur réservation

Christian de Monbrison © DR

Né en 1929 à Paris, il tient du côté maternel, membres fondateurs de la communauté juive de Saint-Pétersbourg et conseillers du Tsar, cette ouverture d’esprit cosmopolite propre aux familles juives, les Camondo, les Warschawsky et les Cahen d’Anvers ses grands-parents.

Il tient de ses ancêtres paternels huguenots et gascons, ainsi qu’irlandais, le sang chaud et l’esprit d’aventure qui le caractérisent.

Sa mère juive est soumise aux lois de Vichy et la famille fuit au Chambon-sur-Lignon.

Après son service militaire en Algérie, Christian de Monbrison découvre Israël, participe au premier kibboutz du Néguev puis rejoint la guerre des Six-Jours.

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