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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Par Didier NEBOT

Expulsion des Juifs d'Espagne, Emilio Sala (1850-1910) - huile sur toile, musée du Prado (Madrid)

La mer ! Enfin David lui tournait le dos, il ne devrait plus affronter cet espace bleu infini qui lui avait tant délavé les yeux. L'Espagne incendiaire d'Isabelle la Catholique avait tenté de le broyer, mais une force invisible lui avait sauvé la vie. Plus de père, plus de mère et seul survivant. Il avançait, les pieds caressés par le sable brûlant. Il avançait sur cette plage inconnue. Sous ses pieds, la terre, ferme, douce. À l'horizon des monticules de sable, quelques pierres d'un autre âge et ce hameau aux maigres cabanes blanchies.

Un adolescent lui apparut comme un mirage au sommet d'une dune. Tous deux s'immobilisèrent, se dévisageant, lèvres serrées. Miroir réciproque à peine déformé, ils avaient une quinzaine d’années et leurs traits ne portaient pas encore les stigmates de la haine.

 Ils se sourirent en même temps et s'avancèrent l'un vers l'autre. David leva les deux mains : « Shalom », dit-il inquiet. L'autre le regarda, haussa les épaules et répondit : « Salam aleikoum. » Du geste il l'invita à le suivre jusqu'au minuscule douar, situé tout à côté.

 

Quelques personnes s'approchèrent, intriguées, et tâtèrent ses loques encore mouillées, ses cheveux humides. David était fébrile, épuisé, décharné. Quel était ce pays où il venait d'accoster après avoir erré tant de jours sur les flots ? Ces chèvres errantes, ces filets de pêche tendus, ces femmes voilées et silencieuses, était-ce l’Afrique ? Ou bien les Indes, qui, de leur or enrichissaient tant l’Espagne ? Il se mit à parler précipitamment dans un langage chaotique, montrant la mer. Les indigènes grimpèrent en haut plus haut de la dune, et constatèrent qu'un bateau démâté s'était échoué sur le sable. Les regards étaient incrédules, méfiants même, alors l'adolescent répéta « Espagne » en variant les intonations, jusqu'à ce qu'un enfant reprenne « Ichpagnia » en secouant la tête. Tous à cet instant semblèrent soulagés et considérèrent David autrement. Les femmes eurent pitié de lui et il se retrouva entouré par trois généreuses matrones qui ne lui voulurent que du bien. Lait de brebis, poisson, eau claire offrirent à son palais des goûts presque oubliés. Il s'habilla de vêtements secs et propres, puis on l'installa dans une cabane sombre. L’air y sentait la chèvre et il s'endormit profondément. C'était l'après-midi, les hommes n'étaient pas encore rentrés pour la prière du soir, les femmes et les enfants retournèrent à leurs activités.

David se réveilla à l'aube. Il ignorait toujours sur quelle terre Dieu l'avait fait débarquer. Le chef du douar avait entendu parler de ces juifs et de ces arabes qui avaient fui l'Espagne. Ils étaient arrivés en masse une année auparavant. Ce jeune garçon avait-il navigué seul sur cette frêle embarcation durant tout ce temps ? Il décida de le conduire à Cherchell situé non loin de là. Il pourrait y rencontrer les Andalous, ces arabes qui s'étaient échappés de Grenade. Au moins parleraient-ils la même langue et pourrait-on connaître son histoire.

Ils étaient une bonne dizaine d'adultes, suivis d'une ribambelle d'enfants criards, à se mettre en route. Dans un ciel bleu sans faille le soleil diffusait une forte chaleur que tempérait la brise matinale. La petite troupe longea des ruines étranges encore majestueuses malgré les dégâts du temps : aqueducs romains à moitié détruit par le poids des siècles, vieilles pierres habitées par le lierre et les insectes. Quand apparut au loin la silhouette d'un village, le chef se tourna vers lui et tendit un doigt en souriant : " Cherchell".

 

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